vendredi 22 novembre 2024

Interrogatoire du colonel Omer BATIONO dans le cadre du procès du putsch de septembre 2015 : Un dossier vide selon son conseil

32168963 1368637219947496 5108814842123255808 nAprès le capitaine DAO, commandant du groupement d’intervention et de sécurité, c’est le colonel Omer BATIONO qui a été appelé à la barre pour dire ce qu’il savait des évènements du putsch de septembre 2015. Cet ex patron du défunt Régiment de sécurité présidentielle (RSP), secrétaire général de la sécurité intérieure au moment des faits, dans sa narration ne reconnait pas les faits qui lui sont reprochés et dit avoir rencontré personnellement le général Gilbert DIENDERE le 18 septembre 2015 afin de se démarquer de ce coup de force qui avait été perpétré contre les autorités de la transition dans le but surtout de protéger sa famille qui avait été durement touchée en 2011, lors de la mutinerie.

 

dehorsAprès avoir été cuisiné pendant cinq audiences, le capitaine DAO a cédé sa place au colonel Omer BATIONO. Au moment des faits, il était le secrétaire général de la sécurité intérieure, après avoir été de 2007 à 2011, le commandant du RSP, mais il relevait administrative toujours du régiment. Il est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre et coups et blessures volontaires. Des charges que l’ex patron du RSP ne reconnait pas, car il dit été une des rares personnes, dès l’annonce du coup de force perpétré contre les autorités de la Transition à s’être démarqué clairement des évènements. « Je ne voulais pas du tout que mon nom soit associé à ce coup d’Etat, car je voulais protéger ma famille qui porte toujours les séquelles de la mutinerie de 2011 », a-t-il martelé.

Selon son récit, le 16 septembre 2015 entre 14h et 15h, le colonel-major KERE par appel téléphonique, l’informait que le Conseil des ministres était perturbé sans autres détails. Ce serait le lendemain matin qu’il aurait appris à la télévision comme tous les Burkinabè que c’était un coup d’Etat avec le Conseil national de la démocratie comme l’organe des putschistes. Dès lors, il a voulu protéger sa famille en se désolidarisant, car celle-ci a durement été éprouvée lors de la mutinerie de 2011. « En 2011, lors de la mutinerie, des militaires ont tiré sur le véhicule qui transportait ma famille et a blessé trois personnes, alors qu’on l’amenait en lieu sûr. Je ne voulais pas que ce qui était arrivé en 2011 se reproduise. Je suis donc allé au camp dans la matinée du 17 dans le but de voir le général afin de lui dire face à face qu’au regard du traumatisme que ma famille avait déjà subi, je me démarquais de ce qui se passait. C’est seulement avec le colonel-major KERE que j’ai pu discuter, car le général m’a dit de repasser, car il avait une rencontre avec la hiérarchie militaire. Je suis donc reparti au bureau et c’est dans l’après-midi, je suis revenu et il se trouvait au palais et sur le point de sortir. Il m’a alors demandé de le suivre. Chose que j’ai refusé, mais sur son insistance j’ai accepté. C’est sur les lieux que j’ai su qu’il s’agissait d’une une rencontre avec les chefs d’Etat de la CEDEAO. Au cours de la rencontre, les émissaires lui ont dit de tout arrêter, car il y avait déjà des morts. Il a alors demandé du temps pour consulter son staff. C’est pendant cette pause que j’ai en fin réussi à parler au général qui m’a dit qu’il comprenait ma décision et m’a donné la route. Je suis donc reparti avant la fin de cette rencontre et j’ai mis ma famille à l’abri de toute éventualité. Après cela, je n’ai plus eu de contact avec le général. C’est le colonel-major KERE, j’ai eu à rencontré par deux reprises, car on était des voisins et on a eu à parler des problèmes du RSP, des difficultés du désarmement et de l’inopportunité du coup d’Etat. J’ai eu l’impression que le colonel-major KERE jouait le rôle d’intermédiaire entre le général et la hiérarchie militaire », a-t-il expliqué.

publicDes déclarations, qui selon le parquet militaire sont en parfait accord avec les mentions du procès-verbal. Toutefois, il trouve la démarche de désolidarisation du colonel illogique, car il pouvait le faire par message ou appel téléphonique et n’avait donc pas besoin d’aller à la rencontre du général au camp ou au palais, d’autant plus que pour lui, la plupart des militaires qui se sont rendus à ces lieux l’ont fait pour soutenir le putsch.

Quoi qu’il en soit, cette genèse a convaincu tant les avocats de la partie civile que ceux de la défense, surtout que dans les procès-verbaux, le général quatre étoiles a déclaré que le colonel BATIONO a les mains propres dans cette affaire. « BATIONO Omer n’a pas participé à quoi que ce soit. A moi personnellement, il m’a dit qu’il préférait se mettre à l’écart », a déclaré le général devant le juge d’instruction. En outre, pour les avocats de la partie civile, le colonel BATIONO montre à suffisance que chaque militaire avait la latitude de choisir entre se démarquer ou soutenir le coup d’Etat, sans pour autant être inquiété pour sa sécurité et ce lle de sa famille, car en aucun moment, le colonel n’a été inquiété. « Chacun avait la possibilité de se désolidariser et c’est le message fort que le colonel Omer BATIONO envoie », a déclaré Me YANOGO. « Le colonel BATIONO est la preuve qu’on pouvait ne pas être d’accord avec le général et le lui dire n’est pas synonyme d’insécurité. Ceux qui prétendent avoir peur des représailles du général ne sont que des stratagèmes pour ne pas assumer ce qu’ils ont fait », a ajouté Me NEYA. Et Me SOMBIE de la défense de conclure « l’acquitter serait une bonne chose ».

Son conseil Me Maria KANYILI s’est porté en faux quant aux observations du parquet sur la démarche employée par son client pour se démarquer du coup d’Etat. Pour elle, il n’y a pas meilleure façon de faire comprendre et accepter à quelqu’un sa démarcation que d’aller le lui dire face à face. Une thèse soutenue par son confrère Me KIEMTAREMBOUMBOU qui estime que le colonel a eu la meilleure approche. Pour Me KANYILI, le dossier de son client est vide et sa place n’est pas dans ce tribunal d’autant plus que devant le juge d’instruction, il avait bénéficié d’un non-lieu total, sur demande du parquet.

A cinquante-cinq (55) ans, le colonel Omer BATIONO est médaillé d’honneur militaire et officier de l’ordre national et de toute sa carrière de militaire, il n’a jamais eu de grief avec la justice. Il est marié et père de trois enfants. Au moment des faits, il était lié administrativement au RSP qu’il a dirigé de 2007 à 2011 et était le secrétaire général de la sécurité intérieure.

Candys Solange PILABRE/ YARO

 

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