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Commercialisation des produits de la SONAGESS au Burkina : Un ciblage appréciable en milieu rural, mais plus complexe à Ouagadougou

sac sonagess signéDans le but de venir en aide aux populations pendant les périodes difficiles, en l’occurrence les crises alimentaires, le gouvernement à travers la Société nationale de la gestion du stock de la sécurité alimentaire (SONAGESS) subventionne des produits de grande consommation, tels le riz et le maïs, qu’il vend à des prix relativement bas aux personnes vulnérables. Toutefois, ces produits à vil prix ne tombent pas toujours dans les mains du public cible de la SONAGESS. Certains commerçants véreux et certaines personnes qui ne sont pas dans le besoin viennent s’accaparer de ces vivres au détriment des personnes démunies. Face à de tels dérapages, la SONAGESS a mis en place cette année où le déficit céréalier est très important, de nouvelles stratégies pour mieux réorienter ses produits vers les cibles réelles. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt, cela ne s’avère  pas efficace à tous les niveaux.

 

00116.00 11 43 23.Image fixe067Nombreux sont les Burkinabè qui remettent en question la mission de la SONAGESS, qui est de venir en aide aux nécessiteux à travers la vente des céréales subventionnés aux personnes vulnérables, dans la mesure où leurs produits n’atteignent pas toujours la cible. « Les céréales offerts par la SONAGESS ne couvrent pas tous les besoins. Plusieurs fois, nous nous sommes rendus sur les points de vente et nous n’avons pas eu gain de cause. Ce sont les commerçants qui en bénéficient le plus. Pour nous autres qui ne désirons qu’une petite quantité, c’est tout un problème d’en disposer. Quand les céréales arrivent, en moins de deux heures, c’est déjà épuisé. Celui qui ne connait personne dans le circuit de distribution peut être sûr de ne rien avoir », se plaint Adama TAPSOBA, mécanicien. Un dérapage que même le Directeur General de la SONAGESS reconnait « C’est une plainte plus ou moins  fondée, parce que nous ne  pouvons pas nier cet état de fait. Nos points de vente qu’on appelle les boutiques témoins sont destinées prioritairement aux personnes vulnérables. Nous recevons des plaintes faisant cas de commerçants qui viennent s’infiltrer, parfois même avec la complicité des ces personnes dites vulnérables », déplore Aimé Roger KABORET, Directeur général de la SONAGESS.

Afin de pallier à cette difficulté qui ne permet pas à la SONAGESS d’être efficace sur le terrain, des mesures ont été prises cette année pour minimiser les infiltrations au profit des plus vulnérables, cela, à  travers une nouvelle formule de ciblage. « Lorsque nos céréales sont déposés dans les points de vente de céréales aux personnes vulnérables, les maires sont informés. Avec un comité, nous  procédons à la répartition par village. Cela est également une innovation, parce qu’avant lorsqu’on déposait les céréales, immédiatement on ouvrait les battants de la boutique et les gens se ruaient,  sans aucune possibilité de savoir si tous sont des démunis. Au bout de 2 à 3h  c’est fini. Avec cette nouvelle formule il n’y a pas de précipitation. On informe, un comité qui s’occupe de la répartition par village, avec un calendrier de passage et dans chaque  village, le CVD qui est un apolitique dresse la liste des personnes vulnérables de son village dans la transparence. Si on prend met la commerçante du village sur la liste des personnes prioritaires pour bénéficier de ces vivres,  les populations elles-mêmes vont dénoncer. En plus, le jour du passage, les bénéficiaires sont accompagnés du CVD au point de vente », explique le DG de la SONAGESS.

DG SONAGESS

                                                                              Aimé Roger KABORET, Directeur général de la SONAGESS

 

A l’instar de cette nouvelle formule de commercialisation, le nombre de boutiques témoins de la SONAGESS a connu un accroissement sur l’ensemble des différentes communes du pays. Ainsi, selon le patron des céréales à vil prix, en seulement une année, le nombre de points de vente est passé de 138 à 250, soit un taux d’accroissement de 81%.

Pour ce qui concerne le milieu rural, monsieur Aimé Roger KABORET a des motifs de satisfaction, car depuis la mise en œuvre de cette nouvelle formule de commercialisation, les personnes vulnérables arrivent à se procurer facilement les services de la SONAGESS. De plus, cette mesure a pu mettre fin à la bousculade devant les boutiques témoins et a réussi à y ramener l’ordre et la discipline. « En ce qui concerne les zones rurales, nous avons mis en place des stratégies empêchant les commerçants de s’infiltrer. Nous pouvons dire qu’en milieu rural, nous avons arriéré ce phénomène », se réjouit-il.

Toutefois, pour monsieur KABORET, la grosse équation reste le ciblage dans la capitale, d’autant plus que Ouagadougou est une mégalopole avec environ 3 millions d’habitants composés de toutes les couches socioprofessionnelles. « A Ouagadougou, c’est d’autant plus complexe que les quantités déposées pour une ville de 3 millions d’habitants pratiquement, ne peuvent pas satisfaire la demande. Il faut  donc resserrer le ciblage pour s’assurer qu’il n y ait pas trop, de dégâts », explique le patron de la SONAGESS. C’est pourquoi, il appelle les différentes mairies de la capitale, à travers les services sociaux, à s’impliquer davantage dans la chaîne de commercialisation des produits de la SONAGESS afin de mieux resserrer le ciblage pour véritablement toucher les cibles réelles.

Il faut rappeler que cette nouvelle stratégie de distribution et de commercialisation vient à point nommé surtout si l’on sait que cette année le pays est véritablement secoué par une crise céréalière très importante : « du jamais vu ces  trente dernières années », selon le DG de la SONAGESS. « Nous étions partis pour une crise alimentaire grave, mais grâce à l’intervention urgente de l’Etat, qui a bien voulu mettre les ressources financières à notre disposition, et grâce à notre dispositif, nous avons quand même réussi à atténuer la crise, faisant en sorte qu’il n’y ait aucun Burkinabè mort de faim, ou aucun Burkinabè qui soit obligé de quitter son village pour des raisons de famine,  cela signifie, qu’un réel travail a été abattu », explique-t-il.

 

Edwige SANOU