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Pénurie de gaz : Le butane, une denrée rare à Ouagadougou

sodigazLes clients de la Société de distribution de gaz (SODIGAZ) broient actuellement du noir. Pour cause, recharger sa bouteille de gaz butane de la marque SODIGAZ, relève actuellement d’un parcours de combattant. Dans un des grands dépôts de gaz SODIGAZ à la ZAD, c’est une longue file de bouteilles de gaz vides qui est donné de voir ce lundi 03 septembre 2018 et en croire les propriétaires, ce spectacle est devenu le quotidien des différents dépôts. Si cette pénurie de gaz butane est récurrente à chaque saison des pluies, elle n’est pas typique à la seule maison SODIGAZ. Toutefois, la maison de distribution dit n’être victime que de son statut de leader qui fait croire à beaucoup de consommateurs que cette pénurie est la marque de fabrique de SODIGAZ. Pourtant, à l’instar des clients de SODIGAZ, les autres consommateurs de gaz butane peinent aussi actuellement à voir leurs bouteilles se remplir de ce corps incolore.

 

gazzzzzCes derniers temps, il est difficile de se procurer une bouteille de gaz butane pleine. Dans les différentes grilles de dépôt, les bouteilles vides se disputent la vedette. Pour certains, cela est dû au fait qu’au Burkina Faso, la demande en gaz butane croit en hivernage alors que l’offre n’arrive pas à suivre. Si toutes les maisons de distribution de gaz ont actuellement des difficultés à satisfaire leur clientèle, le manque est beaucoup ressenti par les clients de la maison SODIGAZ qui errent dans les rues avec leurs bouteilles vides à la recherche du précieux gaz. « Depuis une semaine, je tourne dans la ville à la recherche d’une bouteille SODIGAZ pleine, mais en vain. J’habite à Karpala et je suis venu dans ce dépôt à la ZAD pour voir si la chance ne va pas me sourire. Pourtant, on ne souffre pas tant pour obtenir une bouteille pleine d’une autre marque », confie M. OUEDRAOGO, réparateur de téléphones portables.  « Après deux semaines de calvaire, j’ai pu me procurer la bouteille de 6kg de gaz SODIGAZ à trois mille francs l’unité au lieu du prix normal qui est deux mille francs dans une quincaillerie. Je l’ai payé à mon corps défendant, car le charbon et le bois aussi coûtent chers actuellement. Les commerçants profitent de la détresse des consommateurs et ce n’est pas normal », s’insurge Aïssata ZERBO, ménagère.

SODIGAZ qui est la première maison de distribution de gaz au Burkina Faso se serait-elle fait volé la vedette ? Pour les responsables de cette maison, SODIGAZ est beaucoup pointée du doigt, car elle serait actuellement la maison leader en matière de distribution de gaz au Burkina. « Si nous sommes souvent indexés c’est certainement parce que nous sommes leader du marché. Alors lorsque vous avez par exemple cent mille clients qui grognent ça s’entend forcément plus que quand c’est juste mille. Chaque opérateur le ressent proportionnellement au volume de sa clientèle », explique, M. Brice Aubierge DABIRE, chargé de communication de SODIGAZ.

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                                                                          Brice Aubierge DABIRE, chargé de communication de SODIGAZ

 

Toutefois, SODIGAZ porte aussi la responsabilité de cette pénurie sur la Société nationale burkinabè d’hydrocarbure (SONABHY) qui a le monopole de l'approvisionnement du Burkina en gaz, car disposant infrastructures de stockage et d'emplissage en la matière. « Au niveau de SODIGAZ nous essayons d’accélérer le rythme d’approvisionnement à cette période, malheureusement, notre partenaire technique qu’est la SONABHY n’arrive pas toujours à suivre la cadence que cela impose. Cette année, il faut noter la grève des transporteurs qui est venue accentuée une situation déjà très tendue », confie le chargé de communication de la maison de distribution.

stMais, pour certains consommateurs, la SONHABY a pattes blanches dans ce problème de pénurie de gaz. Pour eux, la responsabilité de ce manque repose sur le dos des taximen qui utilisent le gaz butane avec tous les risques possibles pour faire fonctionner leurs véhicules au détriment du carburant. Toute chose qui accroit considérablement la demande. « Beaucoup incriminent la SONHABY, mais personnellement, je ne lui impute pas la responsabilité, car une année, la SONABHY a déclaré avoir du gaz en quantité à même de répondre aux attentes des consommateurs. La consommation a doublé à cause des taxis qui utilisent le gaz », soutient M. OUEDRAOGO.

Quoi qu’il en soit, pour le chargé de communication de SODIGAZ, le problème posé appelle une solution globale au niveau du secteur du gaz au Burkina. Dans les pays de la sous-région par exemple, chaque opérateur dans le domaine du gaz a son centre emplisseur. Cela permet donc de faire plus facilement face à la demande. Dans pareille configuration, la SONABHY jouerait le rôle de contrôles du respect du cahier des charges. Quant à cette dynamique de chaîne d’approvisionnement et de distribution, le Burkina est encore à la traîne.

C’est pourquoi, pour éviter ce cycle continu de pénurie de son gaz sur le marché dû à sa dépendance à la SONABHY, SODIGAZ s’est construit des infrastructures adéquates pour l’emplissage de son gaz qui n’est toujours pas opérationnel. « SODIGAZ a  construit et équipé un centre emplisseur qui a été validé par les techniciens. Malheureusement la demande d’autorisation de mise en route de ce centre est restée lettre morte », nous explique le responsable communication de la maison.

En tout état de cause donc, c’est impuissamment que la maison de distribution dit assister à la souffrance de ses clients, surtout en cette période de fortes demandes qui sont de nature à accroître les chiffres d’affaires. « En tant qu’entreprise commerciale, les périodes de pic du genre sont des occasions uniques de faire de bonnes affaires. Alors croyez-moi que si nous n’arrivons pas à satisfaire la demande, ce n’est pas de gaieté de cœur. Cela nous est bien au contraire préjudiciable », confie M. DABIRE.

Quoi qu’il en soit, c’est le consommateur qui paye actuellement le plus lourd tribut, car se trouvant entre le marteau et l’enclume, sans possibilité réelle de revenir à ses anciennes habitudes, celles de la consommation du bois et de ses dérivés.

Candys Solange PILABRE/ YARO