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Grossesses précoces au Burkina : un phénomène alarmant qui handicape la jeune fille

grPrès de seize (16) millions d’adolescentes âgées de quinze (15) à dix-neuf (19) ans accouchent chaque année dans le monde. Dans les pays à revenu faible et modéré comme le Burkina Faso, les complications liées à la grossesse et à l’accouchement sont la principale cause de décès chez les jeunes femmes de cette tranche d’âge.

 

Selon le ministère de l’Enseignement national et de l’alphabétisation (MENA),  au cours de l’année scolaire 2013-2014,  le Burkina Faso a dénombré  une situation de mille huit cent quatorze (1 814) cas de grossesses en milieu scolaire dont quatre cent quatre-vingt-un (481) filles-mères réparties sur l’ensemble du pays. Ces chiffres montrent que le phénomène est inquiétant. Surtout, il se pose avec plus d’acuité dans certaines régions telles que le Sud-Ouest, les Cascades, le Plateau central et le Nord.


Au cours de l’année scolaire 2014-2015, dans les établissements de la région du Centre-Ouest, plus de quatre cents (400) cas de Grossesse non désirée (GND) ont été recensées dont près de 70% sont issues du post-primaire et 40%  sont en classe de 3ème. Au cours de la même année scolaire, soixante-dix (70) cas de GND ont été recensés dans des établissements scolaires de la Boucle du Mouhoun et quarante (40) cas dans la région des Hauts Bassins au post-primaire et six (06) cas au primaire dont cinq (05) au CM2 et un (01) au CM1.


Au cours de l’année scolaire 2015-2016, le Cadre de Concertation des ONG et associations actives en Education de Base au Burkina Faso (CCEB/BF) qui a pour objectifs d’influer les politiques éducatives pour l’accès à une éducation de qualité pour tous les Burkinabè, a soumis un projet sur la réduction des grossesses non-désirées en milieu scolaire dans cinq communes du Burkina Faso à savoir Dori, Boromo, Léo, Orodara et Yako. En mars 2016, il a été enregistré dans le cadre de ce projet et dans les cinq communes pilotes, trois cents (300) cas de grossesses.


Dans la même période, les services techniques du MENA ont enregistré respectivement dans les établissements des régions du Sahel et du Centre-Ouest, quatre-vingt-quatorze ( 94) cas de GND dont soixante-seize (76) au post-primaire et dix-huit (18) au secondaire , trois cent quatre-vingt-deux ( 382) cas de GND recensés dont 70% sont au post-primaire et 40% en classe de 3ème.

Ces chiffres témoignent donc de la gravité de la situation au Burkina Faso.

Les conséquences des grossesses précoces sont nombreuses, aussi bien chez les filles que souvent chez les garçons. Il y a entre autre l’abandon scolaire, le retard dans le cursus scolaire, l’exclusion de la famille, le mariage précoce et/ou forcé, l’abandon d’enfant, l’infanticide, les conflits familiaux, la marginalisation, l’augmentation des charges familiales, la prostitution si la fille manque de soutien, le choc psychologique, la perte de la dignité/honneur, le rejet qui peut entrainer une dépression nerveuse, le bannissement, l’exclusion sociale, la perte de soutien financier, le handicap de l’avenir et la pauvreté.

L’une des principales raisons de l’ampleur du phénomène au Burkina Faso est le manque d’information et d’éducation sexuelle. En effet, faute de moyens et à cause des tabous liés au sexe, les enfants et les jeunes filles ne reçoivent pas d’éducation sexuelle et reproductive. Ils/elles ne connaissent pas ou connaissent mal les moyens de contraception et ignorent les risques liés à une grossesse précoce.

En outre, il y a les tabous liés à la culture. Dans certaines contrées, parler de sexe est un sujet tabou. Les filles qui tombent enceinte suite à un rapport sexuel ou à un abus sexuel ont honte d’en parler et ne font donc rien pour les stopper.

Pour endiguer ce phénomène, « l’association d’appui et d’éveil pugsada », mène des activités préventives sur la question. En effet, elle mène des activités de sensibilisation à l’endroit des jeunes filles ainsi que des garçons, pour une meilleure connaissance et de maitrise de soi. « Nous mettons un accent sur la sensibilisation des jeunes qui sont les principaux  concernés et nous avons également des séances de sensibilisation avec les parents pour qu’ils puissent jouer pleinement leur rôle en accompagnant et en dialoguant avec les jeunes sans tabou. Ces parents sont très réceptifs  quant à la sensibilisation. Aussi, nous menons une suivi-évaluation après chaque activité pour voir si les lignes ont bougé. Dans les zones où nous avons eu à intervenir, on remarque que les cas de grossesse ont considérablement baissé », explique Mme LOUGUE, Directrice Exécutif de l’association d’Appui et d’Eveil Pugsada

Toutefois, en plus de toutes ces actions de sensibilisations pour prévenir, il  faut qu’en cas de grossesse, les acteurs interviennent au sein des différentes familles pour éviter que les filles soient chassées et stigmatisées.

Edwige SANOU