samedi 20 avril 2024

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Nouvel An 2020 : Sécurité et redistribution équitable des ressources de l’Etat, autant de défis que le Burkina Faso devra relever

defi 1Nous sommes au début d’une nouvelle année, ce qui est généralement synonyme d’espoir et de défis. Pour avoir une idée de ceux que le Burkina Faso devra s’employer à relever en 2020 et au cours des prochaines années, nous avons approché Me Apollinaire Kyelem de Tambela, avocat et directeur du Centre de recherches internationales et stratégiques (CRIS).

2019 fut l’une des années les plus meurtrières pour le Burkina Faso, peut-on affirmer sans risque de se tromper. En témoignent les attaques répétées contre des éléments des Forces de défense et de sécurité nationales, des lieux de culte ainsi que les populations civiles.

Pour Me Apollinaire de Tambela, la sécurité est donc tout naturellement l’un des défis prioritaires que devra s’atteler à relever le pays des hommes intègres au cours de cette année, voire des années à venir. «On est menacé par des terroristes qui tuent sans distinction. Il va donc falloir combattre ces forces du mal. Et pour cela, il faudra restructurer notre armée, renforcer la capacité de renseignement et l’opérationnalité des troupes. Il faut savoir que la formation reçue par nos soldats n’est pas conforme aux défis sécuritaires actuels. Donc il faudra nous repositionner et adapter notre armée, en matière de mobilité et de réactivité, au péril terroriste », précise-t-il.

Après la sécurité, il y a comme défi à relever la justice. «En  effet, même si la richesse s’accroît dans un pays, tant que les citoyens n’ont pas l’impression qu’il y a la justice, il n’y a pas de paix ni de sécurité dans ce pays. Quand les citoyens sont frustrés, même le progrès économique ne peut pas étancher leur soif de justice. Donc il faut qu’il y ait un sentiment de justice si nous voulons avoir la paix. defi 2 2Mais pour qu’il y ait ce sentiment, il faut que l’institution judiciaire soit opérationnalisée, que le citoyen constate que justice lui est rendue quand il saisit l’institution judiciaire et que justice lui est rendue à temps et en bonne et due forme. Si la justice est rendue après un long moment, ce n’est plus la justice. Or, c’est ce qui se passe actuellement au Burkina Faso. Parfois la justice met 2, voire 5 à 10 ans, à vider un dossier. A quoi  sert une justice quand elle est rendue au moment où tous les protagonistes sont décédés ? Donc il faut réactualiser l’appareil judiciaire, du moment qu’il y a les textes qui garantissent son indépendance et son efficacité. L’autre problème, c’est le professionnalisme des acteurs de la justice. Il y a en outre des dossiers pendants en justice depuis longtemps : l’affaire Norbert Zongo, l’affaire Thomas Sankara, le jugement du dernier gouvernement de Blaise Compaoré. Tant que ces affaires n’auront pas été vidées, il y aura toujours une partie de la population qui aura le sentiment que justice n’est pas faite. Il faut que le citoyen ait le sentiment que sa justice le protège  et que la justice est la même pour tous. Autrement, il n’y aura pas de sécurité réelle. En effet, il y a deux sortes de sécurité : la sécurité externe qui est l’absence de conflits et la sécurité interne qui est la confiance en soi, en sa société et en ses institutions. Il faut ces deux formes de sécurité pour qu’un pays avance à l’unisson », a longuement argumenté l’homme de droit.  

Il relève également la nécessaire redistribution équitable des ressources de l’Etat. «Le problème récurrent des rémunérations  est un grand défi à relever. Ce problème  rejoint toujours le sentiment d’injustice. Les citoyens burkinabè, surtout ceux qui font partie de la fonction publique, n’ont pas l’impression qu’ils sont tous rémunérés en fonction de leur qualité et du travail qu’ils fournissent. Ils ont l’impression qu’il y a des favoris et des délaissés. Ils ont le sentiment que certains corps sont mieux rémunérés, même s’ils ne fournissent pas un travail efficace, même si la valeur ajoutée n’est pas certaine et que d’autres corps sont abandonnés, même s’ils abattent un grand travail. Je veux parler du secteur de l’éducation et de la santé qui sont les piliers d’une société.  Si le peu qu’on a est bien redistribué, chacun peut y trouver son compte et le progrès économique peut être stimulé. Mais si ce sont certaines classes qui s’octroient la majorité alors que les autres ne disposent de rien, ces derniers ne peuvent pas insuffler le développement économique parce qu’il faut un minimum d’avoir pour être rentable et productif. Dans le budget qui a été voté, la plus grosse part revient a été consacrée au paiement des salaires et il n’y a rien pour l‘investissement. Dans le budget de 2020, c’est près de 250 milliards qui sont prévus, rien que pour les fonds de souveraineté, soit 20% du budget consacrés à la satisfaction d’une classe minoritaire. Dans un pays comme le Burkina Faso, une telle somme pourrait servir à construire des  écoles, des centres de santé, des kilomètres de route. Enfin, je souhaite que le Burkina Faso accentue la décentralisation, la rende effective pour qu’à terme, on puisse aboutir à un Etat fédéral au Burkina Faso», a conclu Me Apollinaire Kyelem.

Aly Tinto

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