Parce que beaucoup exposés aux différents programmes des chaînes de télévision, les jeunes téléspectateurs ont besoin d’être protégés de certains films et émissions pas toujours adaptés à leur âge. C’est dans ce cadre que le Conseil supérieur de la communication (CSC), au cours de sa 120^e session le 15 mai 2014, a adopté une décision sur la signalétique jeunesse, qui est un procédé consistant à avertir avant diffusion les téléspectateurs, au moyen d’un texte ou d’un logo, du contenu d’un programme qui pourrait choquer les âmes sensibles, notamment les mineurs, ou porter atteinte aux bonnes mœurs. Cependant, le constat est que rares sont les chaînes de télévision nationales qui utilisent les pictogrammes pour prévenir les téléspectateurs et qui respectent les heures de diffusion de certains programmes types.

La décision de protection des jeunes téléspectateurs adoptée par le CSC a classifié les différents programmes en cinq catégories. La première catégorie regroupe les programmes pour tous publics, la deuxième concerne les programmes déconseillés aux mineurs de moins de 10 ans comportant certaines scènes susceptibles de nuire à leur épanouissement physique, mental ou moral. Ces programmes peuvent être diffusés à toute heure mais pas dans le cadre d’émissions pour enfants. Quant à la troisième, elle intéresse les programmes déconseillés aux mineurs de moins de 12 ans, qui ne  doivent pas être diffusés entre 6h et 20h. Le quatrième volet regroupe les émissions déconseillées aux moins de 16 ans, qui comportent des scènes à caractère érotique ou de grande violence et dont la diffusion est interdite entre 6h et 22h. Le cinquième volet regroupe les programmes déconseillés aux moins de 18 ans qui comportent des scènes pornographiques ou de très grande violence, réservés à un public adulte averti et susceptibles de nuire à l’épanouissement physique, mental ou moral des mineurs. Ce type de programmes est interdit de diffusion. Mais de façon exceptionnelle, un programme de catégorie 5 peut être diffusé entre minuit et 5h du matin, uniquement dans un service linéaire crypté diffusé en mode analogique.  Afin de savoir diffuser les programmes adaptés selon les heures, les chaînes de télévision doivent disposer de comités de visionnage. Par ailleurs, les pictogrammes prévenant les parents et les jeunes téléspectateurs doivent être incrustés à l’écran pendant toute la diffusion du programme et mentionnés dans les bandes-annonces.

Le constat fait sur les chaînes de télévision nationales est que la signalétique jeunesse est très peu utilisée. En effet, il n’est pas rare de constater que les pictogrammes sont quasi inexistants sur certains programmes déconseillés aux mineurs tels ceux contenant des scènes impudiques ou de grande violence, souvent diffusés en pleine journée. Le principal défi rencontré dans la mise en œuvre de la signalétique, reste l’absence dans plusieurs chaînes de télévision de comité de visionnage, chargé de classifier les programmes avant diffusion. Certaines chaînes qui souvent font l’effort après sensibilisation du CSC d’utiliser les pictogrammes, finissent souvent par abandonner au bout de quelque temps.

Eu égard au fait que la signalétique revêt un caractère assez important dans la protection des jeunes publics face aux programmes non adaptés à leur âge, il convient que des activités de communication plus renforcées soient initiées à l’endroit des promoteurs des chaînes de télévision, afin que des solutions adaptées soient trouvées aux difficultés empêchant la mise en œuvre effective de la signalétique jeunesse au Burkina Faso.

Armelle Ouédraogo