vendredi 22 novembre 2024

Médias publics : Les responsables piégés par la légalité

med uneVous l’aurez certainement remarqué, les programmes de diffusion de la télévision nationale, de la radio rurale et de Radio Burkina, depuis quelques semaines, connaissent un fonctionnement inhabituel. Les éditions des journaux parlés et télévisés ainsi que certaines émissions matinales ne paraissent plus en direct mais sont rediffusés. Un mode de fonctionnement qui touche quasiment tous les médias d’Etat,  y compris le journal d’Etat Sidwaya.

Il n’y a plus de « bonsoir ou bienvenue dans le 20h de la RTB », « la grand-messe » de l’information qui se faisait en direct sur le petit écran de la chaîne nationale a fait place à la rediffusion du journal  de la mi-journée. Les émissions matinales sur la télé et radio Burkina ont également cessé.

Des sources indiquent que les journaux du quotidien d’Etat Sidwaya ne sont plus tirés dans sa propre imprimerie. Une situation qui l’oblige à se rendre dans des imprimeries privées avec les frais que cela comporte.

C’est un constat que tout téléspectateur ou auditeur peut faire sur ces médias publics. Une situation qui dure depuis pratiquement quatre semaines. Ce changement brusque de programme de diffusion, qui ressemble à une situation de grève, n’est pourtant pas une grève, selon les responsables syndicaux des travailleurs de ces médias. Ils estiment d’ailleurs être conformes à la loi. med 2«Nous ne sommes pas en grève. Nous travaillons conformément à la loi sur les horaires de la fonction publique qui indique que les agents montent le matin 07h30 et descendent à 16h30 », nous a indiqué un confrère de ces médias.

Des heures qui ne couvrent pas les éditions du journal télévisé du soir à la radio et à la télé. Elles ne couvrent pas non plus les heures d’impression du journal Sidwaya. Une disposition qui rend légal le comportement des agents de ces organes. Certains d’entre eux appellent au contraire les administrateurs à se conformer au Code du travail.

Cette  réaction fait allusion à la mise en garde du Directeur général de la Radio Télévision burkinabè, Pascal Yemboini Thiombiano, qui a qualifié « d’illégale » cette situation qui prévaut au sien des médias publics. Dans ce même communiqué en date du 22 août dernier, il avait également menacé de sanction disciplinaire, conformément au règlement à l’encontre de tout agent qui se serait rendu coupable  des blocages ou des perturbations  au sein des services.

A y voir de près, ce comportement des agents des médias publics traduit un mécontentement. Même s’ils ne l’avouent pas officiellement, l’ombre d’un mouvement d’humeur est très perceptible dans ce changement brusque sans un communiqué au préalable   à leurs téléspectateurs, auditeurs et lecteur. C’est d’ailleurs la position que certains journalistes nous ont confiée.

 Un comportement qui ressemble à celui des agents du ministère des Finances  pendant la fameuse période « du problème de réseau » pour exprimer leur mécontentement aux autorités. Une situation qui s’appuie sur des bases légales, ce qui explique certainement l’inaction de la direction de la RTB qui peine à mettre à  exécution ses menaces.

Dans un pays où la rumeur se répand à la vitesse de la lumière, surtout sur les réseaux sociaux, des dysfonctionnements au sein des médias d’Etat pourraient exposer les citoyens à toutes sortes d’intoxications.

Péma Néya

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