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Evacuations sanitaires hors du Burkina Faso : De l’avis du médecin traitant à la décision du ministre de la Santé, le dossier du malade transite par plusieurs étapes

evac uneAu Burkina Faso, il est dit dans les textes que «tout Burkinabè dont l’état de santé nécessite des soins qui ne sont pas disponibles au plan national est éligible à une évacuation sanitaire » à travers le ministère de la Santé. Pour comprendre en quoi consiste le processus d’évacuation sanitaire à l’étranger et les textes y relatifs, nous avons rencontré le Dr Roger Badiel, secrétaire permanent du Conseil national de la santé (CNS).

 

« Il faut préciser qu’au Burkina Faso, il y a plusieurs voies d’évacuation à l’étranger. Au niveau du ministère de la Santé, il y a une ligne pour les évacuations sanitaires à l’étranger. Mais il faut  savoir qu’il existe d’autres structures qui évacuent des malades sans passer par ledit ministère, telles que la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), la Caisse autonome de retraite des fonctionnaires (CARFO), des cliniques privées et certaines compagnies d’assurances », a indiqué le secrétaire permanent du CNS.

En ce qui concerne les malades dont les dossiers passent par le ministère de la Santé, il y a des textes qui encadrent le processus d’évacuation. Il commence par un médecin traitant qui, dans le cadre du traitement de son malade, à un moment donné pense que les soins dont le patient a besoin ne sont pas disponibles sur le plan national et il constitue un dossier pour proposer celui-ci à l’évacuation. Ensuite, le dossier est déposé soit au Collège de médecins, soit au Collège de chirurgiens. Ces collèges sont compétents pour examiner les dossiers de demande d’évacuations sanitaires hors du Burkina Faso. Ainsi, le médecin traitant, après l’élaboration du dossier médical, doit le déposer au niveau d’un des collèges en fonction de la nature de la pathologie. Le collège est composé de cinq médecins spécialistes, qui se réunissent et se prononcent sur le dossier. Après avis favorable, ledit dossier est transmis par voie hiérarchique au Conseil national de santé (CNS), qui est composé de cinq médecins spécialistes. Ce sont eux qui se réunissent et se prononcent. Quand le CNS donne un avis favorable, le dossier parvient enfin au ministre de la Santé, qui signe la décision d’évacuation.

Selon les statistiques nationales, les cancers sont la première cause d’évacuation sanitaire, surtout pour la radiothérapie qui n’est pas encore disponible dans nos hôpitaux. Viennent ensuite les pathologies cardiovasculaires et les maladies des os. La Tunisie, le Maroc, la France et le Ghana sont les principaux pays où le ministère de la Santé évacue les malades. « Pour pouvoir évacuer un malade dans une structure donnée, il faut qu’il y ait une convention de partenariat entre cette structure et le ministère de la Santé. Ainsi, il existe plusieurs conventions avec des structures dans ces pays, sauf au Ghana où il existe une convention avec une structure, principalement pour la radiothérapie », a expliqué Dr Badiel.

Au cours de l’année 2018, 97 malades ont été évacués à l’étranger et 4 parmi eux sont décédés.

En ce qui concerne les frais d’évacuation, tous les soins sont entièrement pris en charge par le ministère. «Dans les textes, il est clairement indiqué que le ministère ne paye que les soins, l’hébergement, le billet d’avion aller-retour en classe économique et le déplacement dans le cadre des soins. Quant aux frais de passeport et de visa, ils sont à la charge du malade ou de sa famille », a précisé le médecin.

evac 2Annuellement, le ministère de la Santé dispose d’un budget d’un milliard de francs CFA pour les soins et de cinquante millions pour les frais de transport dans le cadre des évacuations sanitaires hors du pays.

Après décision favorable du ministre de la Santé, le processus d’évacuation proprement dit est enclenché. Le CNS suggère la destination en fonction de la nature et des partenaires avec qui il a des conventions. Ensuite, le dossier est envoyé à plusieurs de ces partenaires et chacun produit un devis. Le CNS choisit le devis qui lui convient et le fait parvenir, en même temps que le dossier médical et la décision du ministre, à la Direction des affaires financières (DAF). C’est elle qui procède au payement. Une fois que la structure reçoit l’argent, elle donne un rendez-vous pour la réception du malade. C’est à ce moment que le CNS informe le malade que son dossier est bouclé et qu’il peut voyager en fonction de la date du rendez-vous.

Selon le Dr Roger Badiel, plusieurs raisons peuvent amener le ministère à rejeter une demande d’évacuation. D’abord, il y a le principe selon lequel une demande d’évacuation ne doit être faite que si les soins ne sont pas disponibles sur place. La deuxième raison, c’est quand le budget alloué aux évacuations est épuisé. «Mais comme ce sont des médecins qui examinent les dossiers, il arrive qu’on se pose des questions sur ce qu’on gagne à évacuer un malade donné.  Soit le mal est trop avancé, c’est le cas des cancers, soit les avis sont réservés», a fait savoir le secrétaire permanent du CNS.

Une enveloppe financière limitée par rapport aux besoins d’évacuation, l’ignorance du circuit  du dossier par les citoyens, la question du temps mis par le partenaire pour faire son devis ainsi que le temps mis dans la transaction financière depuis la DAF jusqu’à la caisse du partenaire à l’étranger sont autant de difficultés auxquelles est parfois confronté le CNS. « Très souvent quand quelqu’un est malade et qu’il veut aller se faire soigner, il ne comprend pas tout ce processus. Mais quand la situation urge, comme c’est le cas de blessés lors des attaques terroristes et autres, nous avons des procédures d’urgence. Par exemple on peut prendre les dossiers et aller aux domiciles des membres du CNS  pour qu’ils les examinent », a-t-il ajouté.

En rappel, le CNS est chargé d’émettre un avis sur les dossiers médicaux établis dans le but d’obtenir une évacuation sanitaire hors du pays, un congé maladie de longue durée, une affectation pour raison de santé, un changement de poste de travail pour raison de santé, une mise à la retraite anticipée pour raison de santé, entre autres.

Aly Tinto (Stagiaire)