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Restriction heures de circulation à Ouagadougou : « Si la situation perdure, cela peut entraîner des mouvements d’humeur des chauffeurs routiers », Brahim Raabo

brahimL’arrêté du 7 mai 2019 pris par le maire de la commune de Ouagadougou interdit la circulation sur le boulevard des Tansoba aux véhicules poids lourds à certaines heures de la journée. Elle y était autorisée entre 22 h et 5 h du matin, mais suite à un récent réaménagement consécutif à un mouvement d’humeur des chauffeurs, ces véhicules peuvent circuler de 10h à 12h et de 21h à 5h du matin. Malgré tout cela, il y a encore des accidents mortels du fait de la circulation de ces véhicules dans la ville et les chauffeurs de leur côté s’en plaignent toujours. Pour comprendre davantage leur position, Radars info Burkina a rencontré Brahim Raabo, président de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina Faso.

Radars info Burkina : Comment avez-vous accueilli la prise de l’arrêté réglementant les heures de circulation des gros-porteurs dans la ville de Ouagadougou ?

Raabo Brahim : Parlant du 1er arrêté, après sa signature il y a eu un mouvement d’humeur des chauffeurs si bien qu’il y avait des embouteillages à toutes les entrées de Ouagadougou. A cet effet, nous avons été convoqués le mardi (Ndlr : le mardi 21 mai 2019) qui a suivi pour une rencontre avec le maire qui a accouché d’une souris. Le lendemain (mercredi 22), nous avons été de nouveau convoqués mais cette fois-ci au ministère des Transports et de la Mobilité urbaine.  Il y avait le ministre de la Sécurité, celui des Transports, le maire de la commune de Ouagadougou et tous les acteurs du transport. A cette occasion, le ministre de la Sécurité nous a fait cas de la préoccupation de son département relative au stationnement des camions aux différentes entrées de la ville. Dans les discussions nous nous sommes compris. Nous concernant, nous devions libérer les entrées de la ville, et de leur côté le maire et son conseil devaient faire un réaménagement de l’arrêté suite auquel nous devions être convoqués pour apprécier avec eux le contenu en tant que premiers acteurs concernés avant publication.  Mais grande fut notre surprise de lire l’arrêté de réaménagement le samedi (25 mai 2019) sur les réseaux sociaux. Jusqu’à l’heure où je vous parle (mercredi 29 mai) nous, chauffeurs routiers et transporteurs, n’avons pas encore reçu de correspondance nous informant de ce réaménagement.

L’arrêté, nous l’avons lu sur les réseaux sociaux où il est prévu une fourchette horaire pour les camions gros porteurs dans la journée de 10h à 12h et la nuit de 21 h à 5h du matin.

Radars info Burkina : Que pensez-vous du  réaménagement de l’arrêté ?

interv 2Raabo Brahim : Nous apprécions cette avancée significative de la mairie mais nous réitérons notre souhait que cela soit revu. Car il est quasiment impossible pour un gros camion de quitter un point A, à savoir par exemple l’entrée de la ville en provenance de Koupèla, et d’arriver à un point B, soit au péage de Yimdi, en deux heures seulement. Même si la voie est totalement libérée, cela n’est pas possible, car pour le faire il faudrait que le chauffeur roule à plus de 50 km/h en ville, chose qui est interdite.

Pour cela, nous comptons revoir les deux ministres (Transports et Sécurité) pour qu’ils plaident en notre faveur auprès du maire afin que celui-ci prenne en compte notre préoccupation. Nous sommes Burkinabè, nous sommes tous préoccupés par la situation. Nous proposons qu’avant que l’Etat ne finisse  la voie de contournement, le maire nous permette de circuler comme c’est le cas dans des villes comme Cotonou, Abidjan et Niamey, où il y a des heures de pointe. Concrètement, nous souhaitons que l’on nous permette de circuler de 9h à 15h dans la journée et de 20h à 5h du matin. Étant donné que Ouagadougou est une ville de grand trafic, je puis vous dire que l’économie du pays repose sur le transport et si ce secteur d’activité est bloqué, c’est l’économie qui sera paralysée.

Radars info Burkina : Quel commentaire faites-vous des différents accidents mortels causés par ces gros-porteurs ?

Raabo Brahim : Nous sommes conscients de ces cas malheureux d’accidents, que d’ailleurs nous déplorons. Mais force est de reconnaître que bon nombre de Burkinabè ne connaissent pas le Code de la route. Nous avons signifié cela au ministre des Transports et avons même suggéré que le Code de la route soit introduit dans les programmes scolaires afin que les élèves l’apprennent à l’école. De même, il faut une sensibilisation des élèves et des parents qui achètent des motocyclettes grosses cylindrées à leurs enfants.

Par ailleurs, il faut signaler qu’il n’y a pas pour le moment d’endroit aménagé pour le stationnement des véhicules qui doivent marquer les arrêts pendant les heures de pause ; ensuite, les véhicules devant passer à la douane ne peuvent pas remplir les formalités de transit la nuit ; enfin, tous les magasins sont en ville, ce qui rend difficile le strict respect de cette mesure.  

Radars info Burkina : Que comptez-vous faire si vous n’obtenez pas gain de cause ?

Raabo Brahim : Nous ne pouvons pas pour l’instant vous dire quoi que ce soit, mais ça ne sera pas facile pour nous si l’on ne prête pas une oreille attentive à nos doléances. Et si la situation perdure, cela peut entraîner des mouvements d’humeur des chauffeurs routiers.

Propos recueillis par Saâhar- Iyaon Christian Somé Békuoné