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Système d’information de marché agricole (Simagri) : une plateforme de transactions entre producteurs et acheteurs

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Piloté par l’ONG Afrique Verte Burkina, le Système d’information de marché agricole (SIMAgri) est né du besoin exprimé par les producteurs agricoles de disposer d’une plateforme d’information pour les aider à prendre des décisions adéquates pour la vente de leurs produits. En effet, ignorant les prix des spéculations, ceux-ci bradaient leurs productions et se voyaient imposer les prix d’achat par les commerçants. A travers la plateforme SIMAgri, qui fonctionne à la fois par SMS et par Internet (web to SMS), les producteurs et les acheteurs se voient ainsi offrir un système d’information performant qui leur permet de prendre des décisions commerciales éclairées.

La plateforme SIMAgri offre une gamme variée de services, en vue d’accompagner les producteurs et les acheteurs. Il s’agit notamment des prix des produits, des offres de vente et d’achat, des alertes de prix et d’offres, des alertes de stocks, des envois de messages groupés ainsi que de la géolocalisation des magasins de stockage. Les inscriptions sur la plateforme se font par groupe et en fonction des régions, afin de pouvoir diffuser efficacement l’information. A ce jour, plus de 16 350 producteurs, éleveurs, transformateurs et acheteurs sont inscrits sur ladite plateforme.

Pour rendre disponibles les prix de produits tels le mil, le maïs, le soja, le sorgho, le riz, le sésame, les oignons, le niébé, les ovins, les caprins et les bovins, des enquêteurs chargés de collecter les prix sont actuellement déployés sur environ 60 marchés en fonction de leur périodicité. Une fois les informations collectées, elles sont mises en ligne et rendues accessibles aux acteurs de ce secteur. Les informations sur les prix qu’ils recevront leur permettront ainsi de fixer les prix de leurs productions tout en étant compétitifs. S’ils ont une disponibilité ou un besoin, ils peuvent également utiliser leur téléphone pour envoyer l’information sur la plateforme à travers le numéro court 3144. Ce numéro court est utilisé par tous les opérateurs téléphoniques nationaux (Telmob, Orange, Telecel).Les acteurs, en s’inscrivant, ont également la possibilité de choisir le jour où ils souhaitent recevoir les prix, les offres et la disponibilité des produits sous forme d’alerte. Et de façon automatique lorsque ce jour arrive, un message leur est envoyé à cet effet. 

SIMAgri constitue également un canal de mise en relation des acteurs du monde agricole. Lorsque, par exemple, un acheteur exprime un besoin ou veut constituer des stocks de vivres, il a la possibilité de mettre l’information sur la plateforme. Elle est ensuite validée par l’administrateur et transmise aux acteurs par SMS. Ceux-ci reçoivent alors le contact de l’acheteur, ainsi que le type et la quantité de céréales dont il a besoin. Actuellement, les offres d’achat mises en ligne se chiffrent à 40 688 tonnes et les offres de vente à 56 885 tonnes. Les transactions réalisées s’estiment à 12 757 tonnes d’une valeur de 2 546 892 040 FCFA.

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Ces informations ont été obtenues par sondage et par témoignage. La structure promotrice de la plateforme encourage les ventes et achats groupés pour permettre aux producteurs de faire des économies d’échelle avec réduction des coûts de transaction, de transport, etc.

En plus de permettre aux producteurs et aux acheteurs d’avoir gain de cause en fonction de leurs besoins, la plateforme offre également un service d’alertes précoces. « Lorsqu’il y a par exemple une attaque de criquets dans une région, nous pouvons utiliser ce canal pour avertir les producteurs à travers des messages que nous leur envoyons pour qu’ils prennent leurs précautions en traitant leurs champs», souligne Ibrahim Ouattara, responsable de la plateforme.

Pour rendre la plateforme plus performante, les promoteurs disent avoir besoin de couvrir l’ensemble des marchés sur tout le territoire national et de développer d’autres modules et services tels que les applications vocales, qui permettront de lever la barrière de la langue et de faciliter l’accès de tous à l’information. Mais le manque de moyens financiers constitue un véritable obstacle à l'atteinte de cet objectif. « Pour la mise en œuvre de la plateforme, nous avions bénéficié des appuis technique et financier de partenaires tels qu’ICCO, IICD et la CPF. Mais comme cet appui a pris fin, nous contractualisons avec les faîtières des organisations de producteurs, des projets et programmes d’appui au monde rural afin d’assurer la continuité du service aux acteurs. Mais il y a toujours des besoins en développement de nouveaux modules au profit du monde rural », précise Narcisse Ouédraogo, chargé des programmes de l’ONG Afrique verte Burkina. C’est pourquoi il œuvre, avec ses collaborateurs, pour l’autopromotion et l’auto-prise en charge de la plateforme par les acteurs du domaine eux-mêmes. « Il y a des services qui pourront être gratuits comme l’accès au prix des produits. Mais lorsque vous avez un stock que vous voulez vendre, c’est considéré comme une activité commerciale. Si par exemple à travers la plateforme, un producteur arrive à vendre une tonne de sésame, il peut céder une partie du montant de la vente pour le fonctionnement de la plateforme. Il en est de même pour les acheteurs qui n’ont pas trouvé d’inconvénients à contribuer justement à l’autofinancement de la plateforme », a-t-il ajouté.

Parce que la plateforme est également utilisée au Mali, ses promoteurs, en plus de vouloir couvrir tout le territoire national en termes de marchés, ambitionnent de porter SIMAgri au niveau sous-régional.

Armelle Ouédraogo