jeudi 25 avril 2024

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Angela Merkel face aux étudiants de l’université Joseph Ki-Zerbo : des échanges directs et sans langue de bois

angela uneEn vue de renforcer la coopération dans les domaines de l’enseignement et de la formation professionnelle, la chancelière allemande Angela Merkel, en visite au Burkina Faso, a pris langue ce jour avec les étudiants de l’Université Joseph Ki-Zerbo. Durant environ une heure d’horloge, le chef du gouvernement allemand s’est entretenu dans le temple du savoir avec les étudiants sur diverses questions au nombre desquelles la coopération allemande, la sécurité, l’éducation ainsi que la condition de la femme. Un face-à-face fort apprécié par les différents vis-à-vis, eu égard à la qualité des échanges.

 

A l’image d’Emmanuel Macron une année plus tôt dans le temple du savoir, c’est une chancelière décontractée et décomplexée qui s’est prêtée à cet exercice d’échanges avec ses interlocuteurs d’une heure qu’étaient les étudiants burkinabè. Donnant elle-même la parole à ceux désireux de poser des questions, Angela Merkel ne s’est défilée face à aucune question, invitant quelquefois des membres de sa délégation à donner des éclaircissements lorsqu’elle ne disposait pas d’éléments de réponse.  A la question d'un étudiant relative à la provenance des armes détenues par les groupes terroristes et qui servent à endeuiller les populations,  la chancelière allemande a répondu sans détour que « beaucoup d'armes proviennent de la Libye. L'Allemagne est assez réservée en matière de fourniture d'armes ; malheureusement, il y a beaucoup d'armes qui circulent de façon illégale. Il faut aussi que les armées des pays attaqués disposent de matériel pour pouvoir se défendre. Voilà pourquoi il faut trouver des solutions politiques pour la Libye ». Toujours sur le cas  libyen, l'Allemagne reconnaît sans faux-fuyants sa part de responsabilité dans la crise que traverse le pays du défunt Guide. La chancelière admet qu’au moment des faits, l'Union africaine avait recommandé de ne pas intervenir en Libye et l'Allemagne n'était pas sûre que l'intervention soit une bonne idée. Pour cette raison, le pays s’était abstenu de voter. Mais face à la situation actuelle, l’Allemagne reconnaît qu’il est impérieux de travailler à dégager  une solution politique. « L'Europe doit se mettre d'accord et je ferai des efforts afin que les positions italienne et française sur la question soient cohérentes», a-t-elle promis. Frau Merkel n’a pas manqué d’inviter les Burkinabè à la tolérance et à l’unité face à l'hydre terroriste. « Il faut dire non à cette division que veulent semer les terroristes entre les ethnies. Il faut être tolérant, ne jamais croire qu'une ethnie est supérieure à une autre. Je vous encourage à travailler sur votre histoire, à être ouverts, à avoir la volonté de vous tourner vers l'avenir et de vous réconcilier ».

angela 2S’exprimant sur la politique de développement allemande, le successeur  de  Gerhard Schröder  a rappelé que cette visite, la  première du genre d’un chancelier allemand au pays des hommes intègres, atteste que ce n’est que récemment que la république allemande a commencé à  s’intéresser à l'Afrique de l'Ouest, laissant la France prendre la plus grande place à cause du passé colonial. « Mais nous sommes en train de renforcer notre présence dans la zone. Nous allons encourager des entreprises allemandes à investir en Afrique de l'Ouest », promet Angela Merkel.

Reconnue comme étant une des femmes les plus influentes au monde, elle a par ailleurs soutenu qu’au regard de la condition actuelle de l’autre moitié du ciel, il faut arriver à une égalité homme - femme. « Il faut des rôles modèles pour les femmes dans des métiers classiquement réservés aux hommes. Les hommes doivent également changer de mentalité et aider les femmes en ce qui concerne la gestion de la famille et l'éducation des enfants, parce qu'il est difficile aux femmes de se construire une carrière tout en prenant soin de leurs familles sans l'accompagnement des hommes », a-t-elle ajouté.

Serge Bayala, étudiant, apprécie positivement les échanges qui, selon lui, étaient plutôt teintés de sincérité et de réalisme. « Dans le contenu des réponses, on ne sentait aucune mégalomanie, aucun népotisme. On a senti qu’il y avait une volonté d’assumer certains actes tels la responsabilité de l’Allemagne dans ce qui arrive en Libye. La chancelière a clairement reconnu leur responsabilité, même s’ils n’avaient pas vraiment de marge de manœuvre. S’agissant des questions qui concernent par exemple la responsabilité de l’Allemagne à transformer les filières d’éducation du Burkina en des filières scientifiques pragmatiques, elle a clairement reconnu le fait que cette responsabilité incombait aux autorités universitaires et politiques  burkinabè et que ce n’était pas son rôle. Donc globalement, on a vu une dame très décomplexée et très forte, sincère dans sa prestation.  Après le « désastre macronien » de novembre 2018,  j’avoue qu’on a eu une prestation à la hauteur des défis de dignité que nous devons reconstruire, surtout concernant cette image de l’étudiant qui avait été jetée à terre. Avoir un échange direct avec les étudiants qui sont les dirigeants de demain est à promouvoir. Et même dans la disposition ce sont les étudiants qui ont été mis devant et le corps professoral en arrière, c’est un autre état d’esprit qui se développe. Et je pense que de plus en plus il ne peut y avoir un meilleur témoin de la souffrance de la jeunesse que la jeunesse elle-même. Personne ne peut mieux exprimer nos amertumes et nos frustrations que nous-mêmes. Ce sont des cadres à favoriser et un exercice auquel d’ailleurs le président du Faso devrait se prêter, ainsi que le ministre de l’Education ».  angela 3Mariam Bougma, étudiante à l’ISSP, abonde dans le même sens : « J’ai trouvé les échanges très intéressants et fructueux. Et ce qui m’a le plus impressionnée, c’est que les échanges n’étaient pas guidés et que chaque étudiant avait le choix de poser sa question, en fonction de sa préoccupation. C’est juste le temps imparti qui était court. Si l’occasion se représente, nous n’allons pas hésiter à revenir y participer ».

Plus tôt dans la matinée, la chancelière allemande avait rencontré des organisations de la société civile. Le tête-à-tête avec les étudiants marquait la dernière activité inscrite à l’agenda d’Angela Merkel, qui se rend à Gao, au Mali, pour la suite de sa tournée.

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