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Recrutement de 10 225 jeunes et femmes au profit de 49 communes urbaines du Burkina Faso : volonté d’assainissement de nos villes ou octroi d’emplois ?

himo uneLe Conseil des ministres en sa séance ordinaire du 27 février 2019 a adopté un rapport du ministère relatif aux mesures sociales du gouvernement. Selon celui-ci, ces mesures sociales permettront de recruter 10 225 jeunes et femmes pour des Travaux à haute intensité de main-d’œuvre (HIMO) au profit de 49 communes urbaines du Burkina Faso. Quelle peut être la portée d’une telle décision à long terme ?

Pendant longtemps, le quolibet « villageois » fut copieusement jeté à la figure de Voltaïques venus proposer leurs muscles aux propriétaires terriens des pays côtiers. Sans que les concernés ne protestent. Ce fait peut s’expliquer par le comportement sur le plan national à coloration très culturelle ayant pour racine les zones d’habitation généralement rurales. De nos jours, il convient de se rendre à l’évidence que dans bon nombre de villes burkinabè, la vie de citadin n’est pas assez intégrée par plusieurs habitants. Au nombre de ces comportements, l’on peut citer les bons comportements d’hygiène et d’assainissement qui rendent malpropres nos villes. Dans une lettre ouverte adressée au président du Faso, Mariam Konaté, juriste-environnementaliste, estime que l’initiative est salutaire parce qu’elle permettra d’occuper un tant soit peu ces jeunes et femmes et d’assainir l’environnement burkinabè. Toutefois, elle pense qu’il faut réorienter les tâches de ces jeunes et femmes parce que cette pratique a montré ses limites. En effet selon elle, la Brigade verte, communément appelée à Ouagadougou « les femmes de Simon », est une expérience avec des résultats très mitigés. La ville de Ouagadougou, à l’instar des autres villes et villages du Burkina Faso, est sale, incommode. L’insalubrité partout est désolante, aucun quartier, aucune rue, aucun « six-mètres », aucun espace public, aucun poste de péage et de contrôle de police n’est en reste. himo 2Le phénomène est inquiétant et même très inquiétant a-t-elle déclaré. En raison de cette indignation, la juriste-environnementaliste trouve qu’il y a une injustice d’utiliser l’argent du contribuable pour nettoyer des endroits salis par des Burkinabè, qui ont posé un acte incivique. Mariam Konaté se pose la question de savoir : « De quel droit peut-on utiliser la contribution de certains Burkinabè pour aller faire balayer devant chez d’autres Burkinabè ? Il y a injustice. Comment utiliser l’argent de certains Burkinabè pour ramasser les défécations des animaux d’autres Burkinabè sur l’avenue Kwame Nkrumah ? Comment utiliser l’argent de certains Burkinabè pour curer les caniveaux obstrués par d’autres Burkinabè du fait de leur activité commerciale ? Que chacun s’assume ».

De l’avis de la juriste-environnementaliste, il faut sensibiliser les Burkinabè et tous ceux qui vivent sur le territoire national à être  écocitoyens, c’est-à-dire des citoyens qui prennent en compte, dans leurs actions de tous les jours, les conséquences que leurs actes sont susceptibles de produire sur l’environnement dans le présent mais aussi à moyen et long terme. Des citoyens qui reconnaissent leurs droits et devoirs envers l’environnement, c'est plus qu’une nécessité.

Comme l’a souligné Mariam Konaté, si cette initiative a pour objectif de créer de l’emploi pour les jeunes et les femmes, d’aucuns pensent que réorienter leurs tâches aiderait mieux ceux-ci. Michel Konkobo, économiste de son état, estime que prendre la somme mobilisée et financer des projets serait plus viable et leur serait plus profitable.

A notre avis, bien que cette initiative soit louable en ce sens qu’elle permettra de rendre nos villes propres, il convient de combattre l’incivisme qui conduit certains citoyens à agir de la sorte. Et cela est possible par la sensibilisation et la répression s’il le faut, sinon l’Etat burkinabè sera à tout moment en train de chercher des moyens pour réparer ce qui aurait pu être évité.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné