Warning: symlink() has been disabled for security reasons in /htdocs/plugins/content/multithumb/multithumb.php on line 128

Métier de démarcheur : un service douteux auquel la population est souvent contrainte d’avoir recours

unoDans la capitale du Burkina Faso, il n’est pas rare de voir des attroupements devant certains services publics tels que les palais de justice, les commissariats de police, la Direction générale des transports terrestres et maritimes et les mairies. Des démarcheurs présents en ces lieux y servent d’intermédiaires entre les agents de l’Etat et les usagers, un service pour lequel ils exigent une contrepartie financière. Ce métier qui attire de plus en plus de jeunes ne fait pas  l’unanimité au sein de la population.

 Le métier de démarcheur, qui prend de l’ampleur dans les services publics au Burkina,  divise beaucoup sur la question. En effet, nombreux sont les Burkinabè qui voient en cela une forme d’escroquerie. « Personnellement, je n’ai jamais demandé les services d’un démarcheur, parce que je n’ai pas confiance en eux », souligne Karim Tassembedo. Pour lui, « ce métier n’est rien d’autre que de l’escroquerie. En plus, il faut savoir que tout cela contribue à accroître la corruption dans les services publics, parce qu’ils ont une facilité que le citoyen lambda n’a pas et ce n’est pas normal. Quand tu pars pour prendre  un papier on te dit que si ce n’est pas le lendemain ou le soir ce n’est pas possible. Pourtant quand ce sont les démarcheurs, dès qu’ils entrent ils ressortent avec ledit déjà papier établi. Il faut que les autorités revoient les choses à ce niveau ».

À la question de savoir en quoi consiste le métier, un démarcheur qui a souhaité garder l’anonymat nous livre leur procédure de travail. « Je suis démarcheur depuis plus de sept ans. Mon métier  consiste à venir en aide aux usagers moyennant une somme forfaitaire. Quand tu as besoin d’un document, nous on le prend pour les courses et dès que  le papier est disponible on te rappelle pour te le remettre », souligne-t-il. Selon lui, le métier de démarcheur est comme tout autre métier. « Autant il y a des faux types dans les services publics et privés, autant il y en a dans notre métier », ajoute-t-il.

Nombreux sont les Ouagvillois  qui pensent  ces derniers persévèrent dans ce métier avec la bénédiction et la complicité des autorités car ce sont les procédures qui obligent  les usagers à avoir recours aux services de démarcheurs. « Si tu perds ta carte grise, tu  dois aller faire la  déclaration au  commissariat central, on vérifie la moto. Après tu dois te rendre à la  DGTTM, là-bas c’est une longue file d’attente. Tu es obligé de composer avec les démarcheurs », relate Henriette, un usagé. Néanmoins, selon elle dans ce métier il y a des gens honnêtes comme il y a des malhonnêtes. « Le démarcheur qui m’a aidée à faire ma carte grise m’a pris 2 000 francs. Alors que quand je suis arrivée sur les lieux, il y a un démarcheur qui m’a accostée je lui ai expliqué mon problème. Il m’a dit que si je voulais mes papiers plus rapidement de lui remettre 50 000 francs. Ça, c’est plus que du vol », s’insurge-t-elle.

twoIl est donc nécessaire que les services de l’Etat travaillent à écourter les  procédures afin de permettre à la population  d’établir les pièces. C’est dans cette logique que s’inscrit  cette note de la mairie centrale. En effet, le maire de la commune de Ouagadougou a  porté à la connaissance du public que dans le souci d’améliorer les prestations de services à l’état civil et d’arrêter les pratiques malveillantes des démarcheurs, la délivrance d’extraits d’actes d’état civil des personnes nées à Ouagadougou (naissance, mariage, décès) se font désormais tous les jours ouvrables à la direction de la population et de l’état civil, avec remise du document sur place aux intéressés.

Toutefois, il serait plus judicieux que les services publics qui sont concernés par ce problème emboîtent le pas à la mairie, car d’honnêtes citoyens se font toujours arnaquer.

Edwige Sanou