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Dévoilement de la statue du capitaine Sankara : « L’important pour nous, c’est que la jeunesse du monde entier puisse avoir un site au Burkina où elle peut aller apprendre et continuer de faire rayonner l’idéal de Thomas Sankara », dixit Sams’k le Jah

samsA l’occasion du dévoilement de la statue du capitaine Thomas Sankara et des bustes de douze de ces compagnons d’infortune sur le site du Conseil de l’entente, Radars Info Burkina (RIB) a tendu son micro à quelques personnalités présentes sur les lieux. Elles nous livrent leurs sentiments sur l’inauguration de ce mémorial qui immortalise le défunt père de la révolution burkinabè.

Sams’k le Jah, membre du Balai citoyen : « C’est un grand jour qui marque une des étapes de la lutte pour la réhabilitation effective de Thomas Sankara. C’est un pas pour davantage convaincre ceux qui sont encore dans l’hésitation et la critique stérile. L’important pour nous, c’est que la jeunesse du monde entier puisse avoir un site au Burkina où elle peut aller apprendre et continuer de faire rayonner l’idéal de Thomas Sankara. Au début, on disait que Sankara n’allait pas accepter de faire ceci ou cela ; c’est normal, c’est lui, il ne pouvait pas le faire pour lui-même, c’eût été de la mégalomanie. Mais au moins pour ce qu’il a représenté et fait pour son pays, il mérite plus que ce que l’on a fait. Ceux qui sont encore dans l’hésitation doivent comprendre qu’avec ou sans eux, le monde avance. Il faut être un acteur de cette machine qui fait avancer l’humanité. Pour ce qui concerne la question de la justice, il y a un juge qui travaille dessus et qui est très avancé. Il a entendu beaucoup de témoins et inculpé un certain nombre de personnes, dont le fameux Gilbert Diendéré. La liste est longue, donc c’est vous dire que le travail continue. La justice ne doit pas être expéditive. On se bat pour une démocratie, c’est pour que les règles de cette démocratie soient respectées. Je l’ai dit à un des supporters de Diendéré, au temps de Diendéré, on ne pouvait pas avoir un procès après un putsch. Eux, ils ont fait le putsch, mais on a dit qu’il faut les juger dans les règles de la démocratie. Notre combat n’est pas dirigé contre qui que ce soit. C’est pour qu’on respecte les droits de l’homme. Il faut juste avoir confiance en ceux qui ont les dossiers et c’est notre mobilisation qui va leur donner la conscience. Dans le dossier Thomas Sankara, la plupart de ceux qui ont parlé de l’homme ont été assassinés, d’autres ont fui le pays et ne sont pas encore revenus. J’en ai rencontré quelques-uns aux Etats-Unis mais qui refusent de parler, parce qu’ils ne se sentent toujours pas en sécurité. L’essentiel pour nous est que Dieu donne longue vie à tous ces gens-là pour qu’ils puissent voir. Nous sommes patients. Même après nous, il y a nos jeunes frères qui sont là. Qui aurait pu imaginer qu’on pouvait venir s’arrêter là, mais nous sommes là. Il ne faut pas perdre espoir et Sankara lui-même disait : « Là où s’abat le découragement, c’est de là que s’élève la victoire des persévérants, soyez des persévérants ». Et il faut sortir de la critique stérile. Quand on a lancé l’idée du mémorial, des gens ont dit que nous utilisions l’image de Sankara pour avoir de l’argent. Si Sankara peut me rendre riche, c’est tant mieux, parce que Sankara ne menait pas son combat pour que les gens soient pauvres, c’était pour que les gens vivent mieux. »  

Guy Hervé Kam, avocat : « Une grande émotion m’anime, surtout au moment où j’entends la sonnerie aux morts, pour la première fois que le Burkina le fait pour le capitaine Sankara à l’endroit même où il est tombé. Et comme nous le disons, pour nous, c’est le sentiment fort de voir le capitaine Sankara renaître comme une graine que l’on a semée et qui commence à sortir de terre. Nous pouvons dire que les idées de Sankara étaient éternelles mais finalement l’homme lui-même est éternel. Et les milliers de Sankara qui passeront ici pour vivre cet endroit devront avoir tous les jours à l’esprit le don de soi dont le capitaine a fait montre. »

Dieudonné Bonanet, ministre de l’Urbanisme : « Beaucoup d’émotion m’anime en ce jour qui immortalise par une statue le capitaine Sankara, un homme qui a marqué l’histoire de notre pays et de l’Afrique entière et qui marquera bonanetplusieurs générations. C’est un homme qui a eu de la vision et comme tout homme, il a eu aussi des insuffisances. Mais ce que nous retenons de lui, c’est la vision qu’il a imprimée au peuple burkinabè. Des valeurs de justice, d’égalité, de rigueur, de respect du bien public, l’ambition de construire nous-mêmes notre pays. Ce sont ces messages forts que nous retenons de la vie de cet illustre homme. Les nouvelles générations doivent retenir un exemple de courage, d’engagement pour son peuple, de détermination et de volonté à surmonter les obstacles pour assurer un mieux-être et un mieux-vivre aux populations. »

Serge Bambara, dit Smokey, membre du Balai citoyen : « Mon sentiment, c’est qu’enfin les choses bougent après tant de polémiques. C’est vrai qu’on avait fini par penser que nous étions des acteurs uniquement par la pensée. Dès lors qu’il y a inauguration déjà d’un monument et qu’on voit bien que les autorités se déplacent, ça fait chaud au cœur parce que beaucoup de travail a précédé cette visite-là. On se dit que c’est le début de la construction de ce fameux mémorial qui est un projet ambitieux. Je crois que les Burkinabè vont finir par entrevoir toute la dimension du projet, dont le pool d’architectes dirigé par Francis Kéré est en train de travailler. On veut vraiment quelque chose à la mesure de ce que l’homme a représenté pour les peuples africains et pour le reste du monde. Il a été généreux, et il faut que ce mémorial soit aussi généreux que Sankara l’a été de son vivant. La jeune génération doit s’emparer de ce trésor, le site doit être fréquenté par tous et toutes et, pourquoi pas, permettre de réinventer ce génie créateur qu’il y avait à l’époque. Il y aura une bibliothèque, une médiathèque, une salle de conférences, bref tout un complexe architectural et une vision. Ça va également mettre en valeur la capitale ouagalaise et ses environnants, parce que le projet ne se limite pas au site du Conseil de l’entente. Il y a au moins quatre ou cinq autres sites un peu partout, y compris au sein de l’ancienne présidence, il faut aussi restaurer certaines choses au niveau de la maison familiale, y compris dans les villages. Dans certains villages il y aura aussi des sites liés au complexe du mémorial. Et la ceinture verte qui entoure Ouagadougou sera aussi réhabilitée. Donc c’est un projet colossal. »

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