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Fespaco 2019 : Cinquante ans après, que retient le citoyen lambda ?

grando uneLe plus grand festival de cinéma africain, le Fespaco, se déroule à Ouagadougou du 23 février au 2 mars. A l’occasion de ce cinquantenaire, les acteurs du domaine ont mis les petits plats dans les grands à travers de nombreux sites d’exposition et d’animation, l’ouverture des salles de ciné, etc. Si cette cérémonie à une valeur significative pour les acteurs du domaine, elle ne représente rien d’autre qu’une occasion de faire de bonnes affaires pour certains festivaliers.

Il est 8h dans la capitale du cinéma africain. Les Ouagavillois vaquent à leurs occupations quotidiennes. Tous savent que pendant une semaine la capitale est prise en otage par les cinéastes africains, qui célèbrent la fête du cinéma, mais très peu connaissent son sens réel et sa part contributive au développement de la culture burkinabè et africaine en général. A la question de savoir ce que le Fespaco signifie pour lui, Maurice Sawadogo, un commerçant, répond que « c’est la fête du cinéma, c’est pour les étrangers, mais c’est également l’occasion de faire de bonnes affaires pour nous, les commerçants ».

Après cinquante ans d’existence, la perception que les uns et les autres ont du Fespaco diffère : alors que certains estiment que la grand-messe du cinéma africain ne concerne que les expatriés, pour d’autres, elle est une fierté africaine et surtout burkinabè en ce sens que le Festival est une référence sur le plan mondial. « Le Fespaco représente une fierté pour moi, dans la mesure où il contribue à accroître la notoriété de notre pays », se justifie Mariam Toé.

Tout comme elle, Moussa Traoré, étudiant, y voit « une opportunité pour les hommes et femmes du 7e art de se faire connaître et de faire connaître leurs œuvres. C’est une occasion pour la population d’aller voir de nouveaux films et de redécouvrir le cinéma. En plus, cela rapporte tant sur les plans culturel qu’économique parce qu’à l’occasion du Fespaco, les étrangers dorment dans des hôtels, mangent dans des restaurants, sans oublier les différentes rues marchandes où les gens viennent exposer et arrivent à tisser des relations. Pour moi, c’est une très bonne chose en ce sens que cela permet au Burkina Faso d’être connu à l’international, car c’est un festival qui a une renommée mondiale ».

grando 2Même si beaucoup disent être fiers de cet événement culturel majeur, la réalité est que certains de nos compatriotes ne fréquentent pas véritablement les salles de ciné depuis l’ouverture officielle. « Depuis le début du Fespaco, je ne suis pas encore allée suivre un film, mais je ferai l’effort de m’y rendre avant la clôture », assure une de nos interlocutrices. Toutefois, il importe de préciser que la salle de ciné Burkina a refusé du monde à l’occasion de la projection du long métrage « Desrances » de la réalisatrice burkinabè Apolline Traoré.

Force est de reconnaître, par ailleurs, que le caractère commercial et festif l’emporte plus sur la valeur culturelle de l’événement. « Je suis venu uniquement pour vendre mes marchandises, je n’ai pas le temps d’aller dans les cinés », confesse une exposante. Pourtant, seul le caractère culturel de l’événement pourra assurer son émergence. Aussi, l’émergence de cet événement d’envergure continentale, voire mondiale, passera nécessairement par l’adhésion des Burkinabè eux-mêmes en allant dans les salles de ciné, en soutenant les cinéastes, mais aussi en s’appropriant ce concept. En effet, sans public, il n’y a point de cinéma.

Edwige Sanou