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Agressions en milieu scolaire : Quand des enseignants deviennent la proie de parents d’élèves

agression2S’il y a un fait qui a défrayé la chronique ces derniers temps, c’est bien les agressions d’enseignants à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Face à cette situation, plusieurs organisations de la société civile et des partis politiques sont montés au créneau et ont crié haro sur cette pratique. La Coordination régionale des syndicats de l’éducation du Centre (CRSE/Centre), en plus de la condamnation de ces écarts de conduite, a réclamé un traitement diligent du dossier et interpellé les autorités sur la nécessaire protection du domaine scolaire.

Quelques semaines après l’agression d’un enseignant par un parent d’élève à l’école Farakan "A" à Bobo Dioulasso, c’est à Ouagadougou que le même scénario s’est reproduit le 29 janvier 2019 à l’école primaire publique Kwame Nkrumah de la Circonscription d’éducation de base (CEB) Ouaga 3, dans l’arrondissement n°2 de la capitale.

Pour la Coordination régionale des syndicats de l’éducation du Centre (CRSE/Centre), ces actes immoraux et ignobles viennent allonger la liste des membres du personnel de l’éducation victimes de violences physiques et d’humiliations de la part de parents d’élèves. Par conséquent, elle a condamné avec fermeté ces actes barbares et exigé un traitement diligent du dossier et de tous les autres dossiers de violence faite au personnel de l’éducation. Par ailleurs, la Coordination exhorte les autorités en charge de l’éducation à tous les niveaux à veiller à l’application des dispositifs portant protection du domaine scolaire. De même, elle assure à ses militants que des actions seront menées sur le plan régional si le dossier ne connaît pas de traitement diligent. Car elle estime que la valorisation du personnel de l’éducation est un facteur primordial dans la lutte pour un système éducatif de qualité. agression uneCette agression est illustrative du seuil qu’a atteint l’incivisme au pays des hommes intègres. L’enseignant, il y a quelques décennies, forçait l’admiration des populations et surtout des parents d’élèves, qui lui faisaient même des cadeaux. Mais de nos jours, il est important de se poser la question de savoir ce qui pourrait expliquer ou justifier cette violence en milieu scolaire, espace par excellence où l’on devrait promouvoir de bonnes pratiques. Si sous le regard des tout-petits de telles scènes sont données à voir, surtout de la part de parents d’élèves, quelle éducation veulent-ils que leurs rejetons aient ? Après ces cas malheureux, quelle autorité peuvent bien avoir encore ces enseignants devant leurs élèves ? Pour Mélégué Maurice Traoré, analyste politique, il est malheureux que nous en soyons arrivés à ce stade. Et de faire remarquer : « En Afrique, nous étions l’exemple même du pays où tout le monde était discipliné. Mais de nos jours, Ouagadougou est certainement la capitale où l’incivisme est le plus élevé et le plus fort dans la sous-région. Cela veut dire qu’en l’espace d’une dizaine d’années, tout a basculé… Il n’y a qu’à voir le ton sur lequel les gens vous parlent quelquefois sans même vous connaître. Déjà, à un étranger on ne s’adresse pas n’importe comment, ni à une personne âgée, a fortiori si on ne la connaît pas ». Tout compte fait, il est vraiment temps qu’on siffle la fin de la récréation. En effet, en raison du terrorisme, certaines écoles sont fermées parce que les enseignants sont menacés. Alors si en plus des parents d’élèves s’autorisent à faire de l’espace scolaire un ring, il y a fort à parier que c’est notre système éducatif qui en pâtira. Comme le dit un adage populaire, « quand la pluie vous bat déjà, vous devez éviter de vous battre entre vous». Nous devrions donc mettre un terme à cette violence gratuite et emboucher la même trompette pour relever ensemble les défis qui se présentent à nous.

Saâhar-Iyaon Christian Somé Békuoné