Le 18 mai 2005, le Rassemblement des Républicains (RDR) d’Alassane Dramane OUATTARA, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan BEDIE et d’autres petits partis créaient le Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) en vue former un front commun contre Laurent GBAGBO, chef de l’Etat d’alors. Une alliance qui, si elle a permis à la coalition de remporter les élections présidentielles de 2010 et de 2015, est de plus en plus malmenée par les ambitions des cadres des deux camps.
Nous sommes en 2005. Laurent GBAGBO est président de la Cote d’Ivoire depuis cinq (05) ans et la crise politico-militaire bat son plein. En face de lui, les Forces Nouvelles (FN) sur le front militaire. Mais sur l’échiquier politique, c’est surtout le Rassemblement Des Républicains et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) qui mène la fronde à travers des manifestations. Une année plus tôt, la répression d’une marche commune de ces deux partis à Abidjan faisait cent-vingt (120) morts selon les estimations de l’Organisation des Nations Unies(ONU).Une répression qui va non seulement accentuer la division du pays, mais aussi resserrer l’union entre deux anciens adversaires politiques que rien ne paraissait pouvoir réconcilier tant leur inimitié, fruit d’un lourd passif était grande.
Après avoir pris la succession du « Père de la nation » qu’incarnait Félix Houphouët BOIGNY à la fin 1993, Henri Konan BEDIE va instrumentaliser le concept d’ivoirité qui stipulait que désormais tout candidat à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire doit avoir tous les deux parents de nationalité ivoirienne. Une manœuvre pour écarter Alassane Dramane OUATTARA et qui a causé un ressentiment au sein d’une partie de la population, puisqu’en application de ce principe, OUATTARA se verra interdit de compétir pour la présidentielle d’Octobre 2000. Les évènements consécutifs à la tentative du coup d’Etat du 19 septembre 2002 auront raison de cette intense rivalité entre les deux hommes.
Le 18 mai 2005, les leaders du RDA, du RDR du PDCI entre autres, décidèrent de créer une alliance politique dénommée RHDP en vue de l’échéance électorale en vue. Une alliance qui va permettre à Alassane Dramane OUATTARA qui était arrivé deuxième à la présidentielle avec 32% des voix de remporter au second tour le scrutin avec plus de 54% des voix selon les résultats de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Une contestation résultera du second tour de cette élection et fera plus de trois mille (3 000) morts.
Lors de l’élection présidentielle de 2015, le sphinx- le surnom de BEDIE- a de nouveau apporté le soutien de son parti à OUATTARA lors du célèbre appel de Daoukro le 17 septembre 2014 avec l’idée que pour la présidentielle de 2020, le RDR de OUATTARA en fasse de même pour un candidat qui, cette fois sera issu de PDCI. Si l’idée est logique, elle parait désormais de moins en moins probable et ce, pour plusieurs raisons. En effet, la succession d’Alassane OUATTARA promet d’être aussi sinon plus disputée que celle du « Vieux » dans les années 1990. Et pour cause, les prétendants qu’ils soient du RDR ou du PDCI sont nombreux. Au sein du RDR, Guillaume Soro est convaincu que 2020 c’est « son » année et on le voit mal battre campagne pour une autre personne que lui.
De leur coté, les caciques du PDCI ne semblent plus disposés à ce que leur parti-ex-parti unique-ne soit pas présent à l’élection de 2020 et ce, même si le RDR ne lui apporte pas son soutien. Un soutien qui semble de moins en moins probable. Le parti unique que BEDIE et OUATTARA espèrent fortement voir l’effectivité, le sera peut-être un jour, mais pas comme ils l’entendent c'est-à-dire avec tout le monde.
L’avenir donnera t-il raison aux partisans de GBAGBO qui se sont toujours plus de qualifier la coalition de « mariage qui ne connaitra pas de noces » ? Quoi qu’il en soit, le choix du candidat qui va représenter cette coalition risque d’être le grain de sable qui va gripper la machine du RHDP.
L’Union pour la Côte d’Ivoire (UPCI) s’est quant à lui, déjà prononcé contre toute idée de parti unique. Beaucoup de caciques du PDCI dont Kouadio Konan Bertin (KKB) pour ne citer que lui, sont contre toute idée de voir un jour ce « patrimoine national » qu’est le PDCI disparaitre un jour et se plaisent à rappeler que le RDR n’est qu’une scission du PDCI qui devrait revenir dans le « ventre de sa mère » c'est-à-dire le PDCI. Une idée qui fait sourire au sein du RDR qui doit par ailleurs, se réunir en congrès extraordinaire au début du mois de mai et on en saura plus à ce sujet. Tous ces ingrédients laissent penser que la perspective de voir tous les partis qui composent le RHDP présenter un candidat unique en 2020 relèverait du miracle.
Soumana LOURA