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Attentats du 2 mars au Burkina Faso : A l’aune des incohérences de la France et de ses alliés

Macron et militairesPourtant en 2O14 la France avait bel et bien le chef du mouvement malien Ansar Eddine, Iyad Ag-GHALI, dans son viseur. Il ne manquait plus qu’à appuyer sur la gâchette pour neutraliser ou capturer un des terroristes les plus influents de la bande sahélo-saharienne. Le commando qui avait été affecté à cette mission n’attendait plus que le feu vert de Paris. La France prend une curieuse option ; celle d’avoir le consentement des autorités algériennes. En guise de réponse Alger déclare : « Ne vous occupez pas d’Iyad. Nous en faisons notre affaire ».

Conséquence : Iyad s’évapore dans la nature et ressuscite certains mouvements terroristes mis en berne par l’opération militaire « Serval » en 2013. Le notable touareg profite de son statut pour instrumentaliser une population aux abois du fait de sa misère et d’une marginalisation du pouvoir à Bamako. Il est membre de la puissante tribu des Ifoghas qui vit à cheval entre le Mali, le Niger et l’Algérie. Il n’est donc pas surprenant que Bambara, Peuls, Soninké fassent partie de ses effectifs. Des Burkinabè sont de plus en plus dénombrés dans ses rangs.

 

Quand l’hôte d’hier devient l’ennemi public numéro 1

Sous l’ère Compaoré, gîte et couverts étaient offerts à Ouagadougou à Iyad Ag-Ghali. Perçu comme l’homme providentiel d’une éventuelle réconciliation du pouvoir malien avec les séparatistes du Nord Mali, le terroriste avait ses quartiers dans la capitale burkinabè.  Les pourparlers de sortie de crise au Mali étaient le prétexte utilisé par le terroriste pour mieux tisser sa nébuleuse. Derrière cette diplomatie policée, se cachait des intentions plus que machiavéliques. Le Burkina Faso servira de corridor à des pratiques mafieuses alimentées et entretenues de manière subtile et discrète.

président burkinabè Blaise Compaoré réunion délégations Ansar Dine MNLA Ouagadougou

Depuis la chute en 2011 du guide lybien Mouammar Kadhafi, plus de vingt(20) millions de munitions de toutes fabrications ont été sorties des magasins et circulent dans le sahel. Les principaux bénéficiaires : Boko Haram, Ansar Eddine et le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Iyad a fait ses armes au sein des troupes du colonel Kadhafi. Il a combattu au Liban et au Tchad et a de ce fait, une parfaite maîtrise du terrain. La supercherie entre ce hors-la-loi et les autorités burkinabè devient vite un secret de polichinelle au point d’irriter Bamako. Blaise Compaoré fait la sourde oreille. Mieux, Ouagadougou devient le centre névralgique de libération des otages occidentaux. Le Burkina Faso jouit alors paisiblement du qualificatif de pays stable. Le chef de la diplomatie au Faso, Djibrill Bassolé devient une personnalité incontournable en Afrique.

Dès son élection le président Roch Marc Christian KABORE avait amorcé une rupture dans les rapports qui liaient le Burkina Faso aux mouvements armés terroristes. Son discours au lendemain des attaques du 2 mars reste sans équivoque. « Ni la quête du pouvoir, ni la cupidité, ni la vengeance, ni aucune valeur philosophique ou spirituelle, autant que la recherche effrénée de la gloire et des honneurs, ne peuvent justifier de telles forfaitures contre un peuple paisible qui n’aspire qu’à la prospérité », a-t-il martelé. Kossyam paie le lourd tribut de son intransigeance et de son impertinence face à une horde avide et dangereuse.

 

blaise et sarkoLe jeu trouble de la France

Paradoxalement, à des fins stratégiques, Iyad profitait de la bénédiction de la France. Le Quai d’Orsay pour ne pas frustrer son allié algérien dans la lutte contre le terrorisme avait adopté la politique de l’autruche. Alger avait apporté un appui considérable à l’opération « serval » en lui facilitant son approvisionnement en carburant, en produits d’intendance (eau, nourriture…) au niveau de la frontière algéro-malienne. Par ailleurs, les Ifoghas ont joué un rôle majeur dans la libération d’otages français et algériens au sahel entre 2012 et 2015. Iyad Ag-Ghali continue de bénéficier au sein de cette communauté d’un capital sympathie non négligeable.

Le Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (GSIM), par le biais d’un communiqué a revendiqué les attaques perpetrées à Ouagadougou contre l’Ambassade de France et l’Etat-major général des armées burkinabè. Avec à sa tête Iyad Ag Ghali, ce groupe constitué d’une alliance entre Ansar Dine, AQMI et la katiba El Mourabitoune, affirme avoir mené ces attaques, en représailles à la mort d’une vingtaine de terroristes présumés dans un raid de l’armée française dans le nord du Mali. Le double attentat de Ouagadougou a fait huit(8) morts au sein des forces armées nationales. Huit (8) assaillants ont également péri dans l’attaque.

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Le président français Emmanuel Macron à la différence de ses prédécesseurs Nicolas Sarkozy et François Hollande a-t-il décidé de rompre cette relation incestueuse que la France entretenait avec Iyad Ag Ghali ? C’est la question fondamentale qu’il convient de se poser. Quelle répercussion aura l’attaque de l’Ambassade de France au Burkina Faso ? A ce sujet, une hypothèse peut être formulée : soit Paris règle ses comptes à Iyad avec les effets collatéraux diplomatiques en toile de fond, soit les autorités françaises prennent du recul pour ne pas mettre en danger la vie de leurs ressortissants entre les mains du GSIM.

 

Kandobi Yéda