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Session extraordinaire de la conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO sur le terrorisme : Un plan d’action prioritaire pour une synergie d’action des pays membres

articl uneLes pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), auxquels se sont joints le Tchad et la Mauritanie, se sont réunis en sommet extraordinaire à Ouagadougou le 14 septembre pour se pencher sur la question terroriste, qui ne connaît visiblement pas de frontières. Parce que le terrorisme constitue une menace pour la paix, la stabilité des institutions démocratiques et affecte l’économie des pays touchés, ce sommet a été une occasion de renforcement de la coopération en matière de prévention de la lutte contre le terrorisme mais aussi de propositions d’actions immédiates afin d’arrêter l’expansion des attaques dans la zone CEDEAO. A l’issue des travaux, la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement a décidé d’un plan d’action prioritaire articulé autour de huit axes et devant s’étaler sur la période 2020-2024.

Entre 2015 et 2019, 2168 incidents liés au terrorisme ont été signalés dans la zone CEDEAO. Ceux-ci ont occasionné la mort de plus de 11 538 personnes, causé des millions de déplacés et de réfugiés et fait des millions d’enfants déscolarisés du fait de la fermeture d’écoles. On a noté dans la même période une augmentation des attaques de l’ordre de 150% et des conflits intercommunautaires de l’ordre de 10 fois plus qu’en 2015. Eu égard au fait que les menaces indirectes transcendent les frontières, il est plus qu’évident que tous les pays y sont exposés. D’où la nécessité, comme l’a indiqué le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré, de « mutualiser les moyens humains, matériels et de renseignement, équiper et former nos forces de défense et de sécurité pour renforcer leurs capacités opérationnelles dans le combat qu’elles mènent contre ce fléau en Afrique de l’Ouest ». Des efforts de mutualisation qui doivent, en plus de la solution militaire, être accompagnés d’un développement durable inclusif et équitable ainsi que d’une justice sociale réelle. Faute de quoi, les zones déshéritées où il n’existe aucune opportunité pour les femmes et les jeunes constitueront de véritables foyers de radicalisation.

Afin de parer au plus pressé, la conférence des chefs d’Etat et des gouvernements a adopté un plan d’action prioritaire constitué de huit points sur lesquels vont être centrés les efforts des pays membres dans le cadre de la prévention et de la lutte contre le terrorisme. Ce sont : la mutualisation des efforts et coordination des initiatives de lutte contre le terrorisme, le partage effectif et direct des informations et renseignements entre les services de sécurité des Etats membres à travers la numérisation des données criminelles judiciaires et administratives ainsi que la création d’un système informatisé d’identification des empreintes digitales. articl 2Il sera également question de la formation et de l’équipement des acteurs étatiques impliqués dans la lutte contre le terrorisme, du renforcement de la gestion et du contrôle sécuritaire dans les frontières terrestres, aériennes, maritimes et fluviales, du renforcement du contrôle des armes et produits sensibles à usage multiple, de la lutte contre le financement du terrorisme soutenu par des trafics de tout genre, de la promotion de la communication et du dialogue intercommunautaire et de la prévention de l’extrémisme violent, de la mobilisation des ressources financières nécessaires au financement du plan d’action prioritaire. Le plan sera soumis pour adoption lors de la conférence des chefs d’Etat en décembre à Abuja. Un comité de suivi comprenant les pays membres et qui rendra compte semestriellement de l’application des présentes décisions au sommet des chefs d’Etat sera également mis en place. Ce plan bénéficiera d’une contribution financière d’1 milliard de dollars américains mobilisée par les chefs d’Etat.

Pour le président en exercice de la CEDEAO, le président nigérien Mahamoudou Issoufou,  parvenir à vaincre l’hydre terroriste implique aussi nécessairement de résoudre la crise libyenne. Une crise de laquelle la communauté internationale ne doit pas détourner le regard puisque c'est elle qui est à la base de cette crise, a-t-il affirmé sans circonlocutions diplomatiques. Cette crise fait de la Libye un véritable foyer qui entretient le terrorisme dans la sous-région et sape les efforts consentis par les différentes nations dans la lutte.  C'est pourquoi Mahamoudou Issoufou a invité la communauté internationale à prendre à bras-le-corps la crise libyenne en apportant la solution qui sied pour l'endiguer. Une solution qui, a-t-il martelé, passe par la participation de ladite communauté au financement des actions de lutte antiterroristes et la dotation de la MINUSMA d'un mandat offensif.

Armelle Ouédraogo