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Adoption du nouveau Code pénal : une volonté avérée du pouvoir en place de museler la presse, selon l’opposition politique

oued uneMaître Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA), et Abdoulaye Arba, président du Parti des militants pour le peuple (PMP), ont tenu le crachoir face aux hommes de médias à l’occasion de l’hebdomadaire point de presse de l’opposition politique nationale ce jour 25 juin. Au menu des échanges, la révision controversée du Code pénal que l’opposition qualifie de musellement de la presse, de même que la situation des déplacés internes sommés de regagner leurs zones d’habitation. Les conférenciers du jour se sont également intéressés à la possible suspension des concours de la fonction publique ainsi qu’aux résultats des examens scolaires, session 2019.

Adopté le 21 juin dernier par la majorité parlementaire, le nouveau Code pénal ne cesse de faire des vagues. En effet, pour l'opposition politique, ces nouvelles lois, qualifiées de « liberticides », n’ont d’autre objectif que de museler la presse ainsi que les leaders d’opinion. Le pouvoir en place pousserait ainsi les journalistes et leaders d'opinion à l’autocensure, ce qui risque de conduire à une situation plus dangereuse que le mal qu'il prétend combattre. Pour l'opposition, au lieu de durcir la réglementation et d’infantiliser la presse nationale en lui imposant un silence absolu sur toutes les questions liées au terrorisme, il faut plutôt apporter sur le terrain la réponse qui s'impose. Tout en étant d’avis que les informations pouvant porter atteinte au moral des forces de défense et de sécurité ne doivent pas être communiquées, le CFOP soutient que « le pouvoir en place, au lieu de porter la bonne réponse aux questions de sécurité, cherche plutôt à faire en sorte que l’on ne parle plus des Burkinabè des provinces qui meurent en silence…Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on soigne la fièvre ». La non-consultation des organisations professionnelles de la presse a aussi été dénoncée.

oued 2Concernant les populations qui ont fui les zones d’insécurité pour trouver refuge dans la capitale burkinabè et à qui le gouvernement demande de regagner le bercail, l’opposition politique estime que la manœuvre vise à « éloigner la face visible de l’échec » du pouvoir. « Il veut éloigner des caméras le visage de  misère qu’ils ont pourtant façonné. Mais ces pauvres hommes et femmes fuyant l’horreur viennent lui rappeler que le pays est en train de sombrer, du fait de leur gestion chaotique, et que nul n’est à l’abri », a ajouté Maître Gilbert Noël Ouédraogo. C'est donc au gouvernement de créer les conditions de sécurité nécessaires pour que ces populations puissent sereinement rejoindre leurs zones d'habitation.

Se prononçant sur les concours de la fonction publique, suspectés d’annulation subtile,  l'opposition a invité le ministre de la Fonction publique à se prononcer sans ambiguïté et dans les meilleurs délais sur la question, afin de  faire taire les rumeurs à ce sujet.
En 2018, le gouvernement avait déjà réduit de 40% le nombre de postes à pourvoir dans la fonction publique. Le président du Faso avait pourtant pris l'engagement de créer 50 000 emplois par an au profit de la jeunesse.

L’opposition a aussi noté une baisse des taux de succès aux différents examens scolaires, dans un contexte marqué par la fermeture de plus d’un millier d’écoles à cause de la crise sécuritaire. Cette régression s’explique, à l’en croire, par l’échec de la politique gouvernementale en matière d’éducation et la négligence affichée pour les travailleurs du monde de l’éducation. L’opposition invite le gouvernement à faire le point du nombre d’écoles saccagées ou incendiées, des élèves en zone d’insécurité qui n’ont pas pu passer les examens et ce qui est prévu pour faire rouvrir les écoles fermées.

Armelle Ouédraogo