Débuté le 11 octobre 2021, le procès historique Thomas Sankara et 12 autres connaîtra son dénouement le mercredi 6 avril 2022 à 10 heures. C’est l’information donnée par le président de la chambre criminelle du tribunal militaire de Ouagadougou, Urbain Somé, au terme des plaidoiries ce vendredi 25 mars 2022, notamment avec la défense de l’accusé Diendéré. Maîtres Paul Kéré et Mathieu Somé ont été les derniers à défendre le général. Infraction pour prescription, c’est ce qu'on peut retenir des plaidoiries de ces avocats.
Lentement mais sûrement, le procès Thomas Sankara et 12 autres tire à sa fin. Le verdict de ce jugement marathon tombera en principe le 6 avril prochain. Les plaidoiries de la défense ont pris fin le vendredi 25 mars avec le mémoire en défense des avocats du général Gilbert Diendéré, poursuivi pour subornation, recel de cadavres, attentat à la sûreté de l'État et complicité d'assassinat par abstention. 5 avocats défendent « Golf ». Ce sont : Mes Abdoul Latif Dabo, Kossi Saba, Olivier Yelikouni, Paul Kéré et Mathieu Somé. Les trois premiers cités avaient fait leurs plaidoiries la veille jeudi. En une quinzaine de minutes, maître Kéré a fait le tour des chefs d'accusation qui pèsent contre son client. Selon lui, les déclarations faites par des témoins sur l'implication de Gilbert Diendéré sont fausses et il n'y a aucune preuve étayant les infractions reprochées à ce dernier. C'est pourquoi l’avocat a demandé au président du tribunal de faire justice dans ce procès historique en acquittant son client.
Intervenu en dernière position sur les infractions, maître Somé note qu'il y a prescription en la matière. « Si on considère la première plainte de 1997 comme un fait qui a interrompu le délai prévu, on recompte à partir de la dernière décision de 2001 jusqu’en 2015 quand on disait de reprendre. On n’avait pas dix ans révolus, on avait déjà 14 ans 9 mois. Donc une prescription de 10 ans plus 4 ans déjà. Même sans tenir compte du fait que cela a déjà été jugé et qu’on ne peut pas revenir dessus, c’est prescrit », a-t-il déclaré. Un point de vue que ne partage pas la partie civile. « Cette question de prescription, ils l’évoquent depuis l’instruction mais ils ont été battus sur cette question et ils la ramènent. Pour nous, le dossier ne montre aucune prescription. Sur le fait qu’il y a eu plusieurs actes qui ont été posés quand on a entendu la défense parler de prescription, ils se limitent à prendre quelques actes », soutient Me Prosper Farama.
Pour Me Farama, la partie civile est déjà satisfaite que ce procès se tienne et c’est pour elle une victoire. « Depuis le début de ce procès, nous avons dit que pour nous c’était la première victoire. Très peu de personnes s’attendaient à ce qu’il y ait un jour procès dans cette affaire. Mais nous avons fait cinq mois de procès. Comme vous l’avez vu, les avocats du général Diendéré ont pu argumenter pour demander son acquittement. Notre combat, c’est cela. Nous pouvons avoir des positions divergentes, mais nous souhaitons que cela ne soit pas résolu par les armes, que ça ne soit jamais résolu par des assassinats. Que la liberté soit donnée à chacun de dire au cours d’un procès sa position, sa participation ou non à ce qui lui est reproché (…). Vous avez même entendu le général aujourd’hui dévoiler des choses que personne n’avait entendue », explique Me Farama.
Le général Diendéré est revenu sur les charges qui pèsent contre lui en se défendant comme avocat et mettant en garde le procureur. « Si on vous envoie, il faut savoir vous envoyer aussi. Ce n’est pas parce qu’on vous dit de me condamner que vous allez me condamner à 20 ans de prison. Je suis à la MACA, mais je sais ce qui se passe dehors », a-t-il déclaré.
L’audience reprend le mercredi 6 avril avec les délibérations.
Barthélémy Paul Tindano