Procès Thomas Sankara et 12 autres : Des plaidoiries de la défense aux allures de cours de droit

prcss uneL'audience avait été suspendue le 3 mars 2022 suite à une exception d’inconstitutionnalité soulevée par les avocats de la défense et relative aux coups d’Etat. En effet, s’appuyant sur le cas du président de la Transition, Paul Henri Sandaogo Damiba, arrivé au pouvoir par un putsch et dont le Conseil constitutionnel a validé le mandat, ces avocats estimaient que leurs clients ne pouvaient plus être poursuivis pour attentat à la sûreté de l’Etat. Mais en définitive, leur requête sera rejetée par le Conseil constitutionnel. Le procès a donc repris aujourd’hui mardi 22 mars 2022 à la Chambre criminelle du tribunal militaire de Ouagadougou. Une audience consacrée aux plaidoiries de la défense.

Ce sont des plaidoiries aux allures de cours de droit que les avocats de la défense ont faites ce mardi 22 mars. C’est Me Abdoul Latif Dabo qui a ouvert le bal en décortiquant les valeurs et les limites des témoignages dans un procès. Une manière de battre en brèche les témoignages livrés contre leurs clients au cours de ce jugement. Tour à tour, les avocats ont rejeté en bloc les réquisitions du parquet et réclamé que leurs clients soient déclarés innocents pour manque de preuves. De l’avis de Me Moumouny Kopiho, avocat du colonel major à la retraite Jean Pierre Palm, le procès est un assassinat du droit, une parodie, un montage contre son client. prcss 2Selon l’homme en robe noire, Jean Pierre Palm, accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, est un officier exemplaire et il n’est impliqué ni de près ni de loin dans le coup d’Etat du 15 octobre 1987. Et d’ajouter que ce n’est pas parce qu’il était proche de Blaise Compaoré que ça signifie forcément qu’il est impliqué dans les événements. Toujours selon l’avocat, en tant que gendarme Palm ne peut pas s’impliquer dans un putsch puisque les pandores prêtent serment qu’ils seront loyaux aux institutions et au pouvoir en place. Pour lui, les témoignages de ceux qui sont passés à la barre ne sont pas des preuves. « C’est n’est pas parce qu’on accuse qu’on condamne. Le témoignage lui-même ne constitue pas une preuve. Ce n’est pas parce que quelqu’un a dit que vous l’avez violé qu’on doit vous traiter de violeur et vous condamner. Un témoignage peut être une preuve s’il y a des éléments tangibles et matériels. Mais le simple témoignage n’est pas une preuve. En droit, on dit que toute infraction est constituée de deux éléments : l’élément matériel et l’élément psychologique, qui est l’élément intentionnel », affirme l’homme de droit.

Avant Me Kopiho, ce sont les avocats Issiaka Ouattara et Aliou Diakité qui ont défendu les médecins militaires Alidou Guebré et Amadou Kafando, qui ont livré les actes de décès des victimes du 15 octobre 1987 où il est mentionné « mort accidentelle » et « mort naturelle ». Ces avocats ont plaidé pour l’acquittement de leurs clients pour infraction non constituée.

En outre, les accusés Albert Belemgniliga, Diakalia Démé et Tibo Ouedraogo ont été respectivement défendus par Mes Mamadou Koulibaly, Olivier Somé et Victoria Nébié. Tous ont plaidé pour que leurs clients soient acquités pour manque de preuves.

L’audience reprend le mercredi 23 mars à 9h00. Il faut souligner que le nombre de personnes assistant au procès diminue de jour en jour. Ce 22 mars 2022, par exemple, la salle d’audience était presque vide.

Barthélémy Paul Tindano