Nommé ministre d’État, ministre auprès du président du Faso, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, le désormais ex-chef de file de l’opposition burkinabè, Zéphirin Diabré, joue son avenir politique.
Sous les projecteurs, pendant les manifestations appelant à la non-modification de l’article 37 limitant le nombre de mandats présidentiels, il avait stratégiquement mais maladroitement décliné le fauteuil de président de la transition au lendemain de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Aujourd’hui, il est disposé à s’accommoder d’une toge de réconciliateur d’un peuple qui a plus mal à sa justice qu’à une supposée réconciliation entre les populations et de présumés criminels politiques, économiques et de sang qui n’auraient pas le courage d’assumer leurs actes. L’idéal serait qu’il soit la courroie de transmission entre l’exécutif et les groupes armés. Les populations pourraient voir d’un bon œil ses talents de facilitateur face à l’hydre terroriste, qui freine l’élan du développement du Burkina Faso.
Probablement résigné par le fait qu’accéder à la magistrature suprême ne sera pas pour lui une évidence, le président du l’Union pour le progrès et le changement (UPC), le parti du Lion, s’est assoupi sous les branches ombragées d’un verger d’orangers (MPP). C’est l’illustration parfaite qu’en démocratie, les jeux d’intérêt priment sur les discours de façade ou de campagne. Certains politiciens sont similaires à des parturientes qui, jurant sur tous les saints, sont prêtes à faire vœu de chasteté.
Quel est aujourd’hui l’avis, au sujet de cette nomination, des militants de l’Union pour le progrès et le changement qui avaient vite fait de qualifier de traîtres les frondeurs et autres démissionnaires dudit parti ? Le ministre réconciliateur pourra-t-il un jour se réconcilier avec les sympathisants de l’UPC qui avaient placé leur plus grand espoir en lui ? Sauront-ils faire la part des choses entre leur leader et le ministre d’État « tout frais » qui estime être en mission républicaine pour l’intérêt supérieur de la nation ? Dans les arcanes du pouvoir, il se susurre que le ministre Diabré et le président Roch ont une haute estime l’un pour l’autre. Le gentlemen agreement tacite entre ces deux sphinx en politique, prévalant pendant le premier quinquennat de Roch, était bien emballé sous le vocable de trêve sociale.
Zeph, le soldat déserteur de l’UPC, aura en face de lui ceux qui sont en conflit avec leur propre pays du fait de certaines pesanteurs politiques ou politiciennes et une grande majorité de Burkinabè qui attendent que justice soit rendue aux nombreux martyrs ne bénéficiant que chaque année d’un simulacre d’hommage et de promesses.
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