Scrutin du 22 novembre au Burkina : Zoom sur le verdict des urnes

sct uneLes Burkinabè sont allés aux urnes le dimanche 22 novembre 2020 pour élire et le président du Faso et les députés de la 8e législature. A l’issue de ce double scrutin, c’est le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, qui a été réélu, selon les résultats provisoires, dès le premier tour avec 57,87% des suffrages pendant que son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), se taille la part du lion à l’Assemblée nationale (AN) en remportant 56 sièges sur les 127 en jeu. Radars Info Burkina vous propose une analyse synthèse du verdict de ce double scrutin.  

Ces élections du 22 novembre se sont déroulées dans un contexte d’insécurité qui a impacté le processus aussi bien au moment de l’enrôlement que le jour même du double scrutin. Au départ il y avait 21 154 bureaux de vote. Pour des raisons d’insécurité, 1 318 ne pouvaient ouvrir. Ainsi, 19 836 bureaux de vote étaient prévus le jour du scrutin. Sur ces 19 836 bureaux, 926 n’ont pu ouvrir le jour des élections, donne sécuritaire oblige. Donc des Burkinabè n’ont pas pu voter malgré eux.

Au cours de la campagne électorale, la sécurité était le principal sujet de débat et d’attaques entre le président sortant et ses principaux adversaires comme Zéphirin Diabré de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et Eddie Komboïgo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ex-parti au pouvoir.

Au lendemain du scrutin, pendant que la Commission électorale nationale indépendante (CENI) publiait les premiers résultats de la présidentielle commune par commune, les candidats signataires de l’accord politique de l’opposition se sont réunis au siège du CFOP pour fustiger la « mauvaise organisation des élections » par la CENI. Ils ont, dans la foulée, prévenu qu’ils « n’accepteront pas des résultats entachés d’irrégularités et qui ne reflètent pas la volonté du peuple burkinabé ».

sct 2Le processus de publication des premiers résultats commune par commue de la présidentielle a ainsi connu une suspension le lundi 23 pour reprendre le mardi 24 dans l’après-midi à cause du retrait de 5 commissaires sur les 15 que compte la CENI. 

En ce qui concerne l’observation électorale, la mission conjointe d’observation électorale Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – Union africaine (UA), 3 jours après le scrutin, a déclaré que les élections se sont déroulées dans un « environnement paisible sans incident majeur, de manière satisfaisante ».

sct 3La cérémonie tant attendue par l’électorat et l’ensemble du peuple burkinabè a eu lieu le jeudi 26 novembre à la salle de conférences de Ouaga 2000. Newton Ahmed Barry, président de la CENI, annonce Kaboré Roch Marc Christian élu, selon les résultats provisoires de la présidentielle, dès le premier tour président du Faso avec 57,87% des suffrages. Eddie Komboïgo arrive 2e avec 15,48% des suffrages. Zéphirin Diabré), lui, se classe 3e avec 12,46% des voix.

« Je serai le président de tous les Burkinabè. Nous allons nous mettre au travail immédiatement. Dieu bénisse le Burkina Faso », tels ont été les premiers mots du vainqueur. Ce même jour dans la soirée, les candidats signataires de l’Accord politique de l’opposition, dans une deuxième déclaration, indiquent  qu’ils prennent acte de la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle et se réservent le droit d'utiliser les voies de recours légales pour traiter les irrégularités relevées au cours du scrutin.

De ces résultats on retient le grand écart entre le président réélu et ses challengers ainsi que l’effectivité du coup K.-O. tant prédit par les leaders et militants du MPP, même si ce parti s’était fixé pour objectif de faire réélire Roch Marc Christian Kaboré dès le 1er tour avec 60% des voix, soit 6 points de plus qu'en 2015. Zéphirin Diabré, arrivé deuxième en 2015, cède cette fois-ci la place à Eddie Komboïgo. Le rêve d’un second tour tant caressé par l’opposition ne s’est pas réalisé.

Zéphirin Diabré et plusieurs autres candidats se sont rendus au siège de campagne du MPP pour féliciter Roch Marc Christian Kaboré. Une démarche républicaine très noble.

C’est le samedi 28 novembre dans la soirée que la CENI a procédé à la publication des résultats provisoires des élections des députés à l'AN. 15 partis ou formations politiques auront des élus à l’hémicycle.  Sur 127 sièges, le MPP se taille la part du lion en remportant 56. Suivent le CDP (20 sièges), le Nouveau Temps pour la démocratie (NTD) du ministre des Transports, Vincent Dabilgou, (13 sièges), l’UPC (12 sièges)…

Avec l'Alliance des partis et formations politiques de la majorité présidentielle (APMP), le parti au pouvoir obtient donc la majorité absolue à l’AN. La grande surprise de ces législatives aura été le NTD (APMP) qui a conquis 13 sièges contre 3 en 2015. L’ex-parti au pouvoir, le CDP, obtient 2 sièges de plus qu’en en 2015.  Quant à l’UPC, de 33 sièges en 2015, elle passe à 12 à cette 8e législature. Ainsi, le CDP devient la 2e force politique en lieu et place de l’UPC.    Cette situation à l’UPC peut s’expliquer par le fait qu’en 2017, une dizaine de députés ont démissionné du groupe parlementaire UPC. De plus, à quelques semaines du début de la campagne électorale, le parti du Lion a encore enregistré des démissions en cascade, dont des figures de proue dudit parti.

Parmi les partis et élus nationaux qui seront absents de l’hémicycle à cette 8e législature on peut citer le Parti de la renaissance nationale (PAREN) de Laurent Bado, Le Faso Autrement d’Ablassé Ouédraogo ainsi que Tahirou Barry, qui siégeait à la 7e législature sous la bannière du PAREN.

Les jours ou les semaines à venir nous dévoileront certainement la reconfiguration de la classe politique burkinabè.

Aly Tinto