Les élections couplées du 22 novembre au Burkina Faso, l’opposition politique a décidé d’y aller en rangs serrés. C’est dans cette logique que ce mardi 18 août 2020 dans la salle de conférences de Ouaga 2000, 9 candidats à la présidentielle et 22 formations politiques ont procédé à la signature d’un accord politique de 8 chapitres et 36 articles devant un huissier. « L’Opposition politique burkinabè a posé ce matin un acte dont la portée historique n’est plus à démontrer. Elle l’a posé pour le Burkina Faso, pour notre démocratie et pour elle-même », s’est réjoui Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition politique.
Pour l’événement du jour, c’est vêtus de tee-shirts à l’effigie de leurs candidats ou comportant le logotype de leurs partis que les militants des partis de l’opposition ont afflué à la salle de conférences de Ouaga 2000. Et c’est sous des ovations nourries que les candidats Zéphirin Diabré, Eddie Komboïgo, Gilbert Noël Ouédraogo, Kadré Désiré Ouédraogo, Victorien Tougouma, Dieudonné Bakouan et Ablassé Ouédraogo ont fait leur entrée dans ladite salle. Les candidats Tahirou Barry et Yacouba Isaac Zida, eux par contre, n’ont pu faire le déplacement. A presté avant la lecture intégrale de l’accord politique par le député Adama Sosso la troupe traditionnelle kassena Nemarô.
« L’objectif commun des parties à l’accord est la réalisation de l’alternance politique au Burkina Faso, dans la perspective d’offrir une alternative au peuple burkinabè à l’occasion des consultations électorales de 2020 », lit-on à l’article 3 de cet accord politique.
En matière d’obligations des parties à l’accord, au chapitre II, il est écrit à l’article 8 : « Les parties à l’accord s’obligent à soutenir celui des signataires du présent accord qui arriverait au second tour de l’élection présidentielle de 2020. Ce soutien se fera par appel public et toute autre forme de stratégies et/ou d’actions non interdites par la loi au plus tard dans les 24 heures qui suivent la proclamation des résultats définitifs du premier tour par le Conseil constitutionnel. »
Et l’article 9 de préciser : « Les parties à l’accord s’obligent à désavouer, immédiatement et publiquement, tout signataire du présent accord, tout cadre ou responsable d’un parti, formation politique ou mouvement appelant à soutenir tout autre candidat en violation de l’article 8 ci-dessus, ou appelant les électeurs à s’abstenir de voter. »
Plus loin à l’article 11, on peut lire ce qui suit : « Dans le cas ou deux candidats signataires du présent accord arrivent au second tour de l’élection présidentielle, chaque partie à l’accord est libre de soutenir le candidat de son choix. »
Le chapitre III de cet arrangement politique ficelé par l’opposition politique est, lui, consacré la gestion du pouvoir d’Etat après les élections. L’article 14 dispose que « le président du Faso issu du présent accord s’oblige à associer toutes les forces ayant concouru à son élection à la gestion du pouvoir d’Etat tout au long du mandat, sauf désaccord politique grave constaté par les parties à l’accord ».
Et l’article 15 de poursuivre : « Les parties à l’accord représentées à l’Assemblée nationale s’obligent, en cas de majorité parlementaire, à gérer collégialement tous les organes et postes administratifs à l’Assemblée nationale dans le respect des textes en vigueur ». « Après la cérémonie publique de signature, tout candidat, tout parti ou formation politique qui souhaite adhérer à cet accord fait une demande écrite adressée au président de la conférence des candidats. Il informe en même temps l’opinion, par le biais d’une déclaration publique, de sa volonté d’adhérer à l’accord. Il est alors autorisé à signer l’accord et en devient partie prenante », lit-on à l’article 32.
Tour à tour, les candidats présents à la salle de conférences de Ouaga 2000, après que l’accord a été lu, y ont apposé leur signature sous la supervision de Maître Arthur Somé, huissier de justice. Ensuite, ce fut aux partis et formations politiques de procéder à la signature.
« L’Opposition politique burkinabè a posé ce matin un acte dont la portée historique n’est plus à démontrer. Elle l’a posé pour le Burkina Faso, pour notre démocratie et pour elle-même. L’objectif, c’est de favoriser l’alternance dans notre pays et d’apporter une alternative nouvelle qui réponde aux besoins présents exprimés par notre peuple. C’est l’occasion pour moi, en ma qualité de chef de file de l’opposition politique, de remercier l’ensemble des partis politiques, mouvements politiques et également l’ensemble des candidats ici présents ou empêchés qui ont montré un grand signe d’engagement, de solidarité et de détermination en permettant d’arriver à la signature de cet accord », s’est réjoui Zéphirin Diabré.
S’agissant du respect de cet accord, Eddie Komboïgo a assuré que « le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a toujours respecté ses engagements. Quel que soit le candidat au second tour, notre parti le soutiendra. Le CDP ne recule pas et ne trahit pas».
Aly Tinto