Au Burkina Faso, la convocation du corps électoral est prévue pour le 22 novembre 2020 pour des élections couplées (présidentielle et législatives). Actuellement, prévaut le débat sur l’opportunité ou non de tenir ces élections. Pendant que des acteurs politiques appellent au respect de ce calendrier, d’autres par contre plaident pour le report des élections. Radars Info Burkina a approché WANEP-Burkina (West Africa Network for peacebuilding ou Réseau ouest-africain pour l'édification de la paix, en français) pour savoir quelle attitude adopter pour des élections apaisées en 2020.
« Dans une déclaration au mois d’avril 2020 dans le contexte de COVID-19, par rapport au calendrier électoral nous avons suggéré que les élections puissent se tenir à bonne date. C'est un impératif. Le respect de ce calendrier requiert l'implication de tous. Il vaut mieux tenir les élections que de ne pas les tenir. Même si c'est avec un faible nombre d'électeurs », a d’abord indiqué Alice Combary, coordonnatrice nationale par intérim de WANEP-Burkina.
Pour Mme Combary, il faut un dialogue national sur les élections. « Le processus d'enrôlement sur le fichier électoral se poursuit avec des difficultés dans certaines localités liées à l'insécurité. Certaines localités se sont vidées de leur population, ce qui pose problème pour les législatives. Des déplacés internes ont fui leur localité d'origine sans leurs documents civils. Il y a eu le dialogue politique en juillet 2019 mais il y a toujours des remous. Au sein de l'opposition des sous-groupes sont en train de se créer. Donc au niveau des partis de l’opposition il faut un dialogue. Ensuite il faut il faut un dialogue national sur les élections », a soutenu la coordonnatrice nationale par intérim de WANEP-Burkina.
Au niveau des acteurs politiques, « il faut qu'ils puissent se départir de leurs intérêts personnels pour mettre en avant l'intérêt de la nation. Il faut écouter les difficultés que chaque parti sent venir pour qu'à travers un dialogue on puisse aboutir à une charte consensuelle », a-t-elle estimé.
Quant aux organisations de la société civile (OSC), les acteurs doivent se remettre en cause et jouer pleinement leur rôle qui est de sensibiliser, former, informer et prévenir. « On ne doit pas se démarquer de l'éthique et la déontologie. Ainsi, ils pourront jouer leur rôle et contribuer à la tenue des élections apaisées ».
Pour ce qui est des partenaires techniques et financiers (PTF), ils doivent aider le gouvernement à relever le défi sécuritaire. « Ils doivent accompagner le gouvernement dans la mobilisation des forces de défense et de sécurité pour une meilleure sécurisation des zones instables afin de pouvoir organiser des élections inclusives et sans incidents. Et c'est maintenant qu'il faut commencer les préparations. Les PTF doivent en outre accompagner les OSC en termes techniques et financiers pour qu'elles puissent mener normalement leurs activités », a expliqué Alice Combary.
Pour ce qui concerne la population dans son ensemble, il faut des sensibilisations sur le civisme électoral. « Pour les femmes, les groupements féminins ne sont pas contents de la loi quota genre (adoptée le 22 janvier 2020) pour le motif qu’elle n’est pas contraignante. Il faut que les différentes formations politiques respectent le quota genre. Ces partis doivent tenir compte des femmes et les jeunes dans l’établissement des listes électorales pour des élections apaisées. Pour que toutes les couches sociales puissent jouer leur rôle, la loi quota genre doit être révisée », a martelé, Mme Combary.
WANEP-Burkina a entrepris des actions dans le sens de l'organisation d'élections apaisées. « A travers son système d'alerte précoce, WANEP prépare le minotoring électoral avant le processus électoral pendant le processus et après les élections. Des acteurs collectent des informations sur les incidents électoraux sur le terrain et les font remonter au temps T et y apporter des réponses à l'instant T. Pour 2020, le défi sera plus grand et nous sommes déjà en activité. Pour cette année électorale, nous aurons à mettre en place une cellule de veille électorale pilotée à travers des salles de décision. Nous allons mettre en place une équipe d'observateurs électoraux en nombre important. Nous avons renforcé les capités de 45 femmes ainsi que de 45 jeunes issus des 45 provinces en matière de civisme électoral et de gestion des conflits électoraux », a fait savoir Ibrahim Sawadogo, chargé d’alerte précoce et prévention des conflits.
Aly Tinto