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FESPACO : Vingt-deux ans que l’Etalon de Yennenga semble fuir les cinéastes burkinabè

fespaco uneLe  Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) célèbre du 23 février au 2 mars 2019 son cinquantenaire. La présente édition est  placée sous le thème : « Confronter notre mémoire et forger l’avenir d’un cinéma panafricain dans son essence, son économie et sa diversité ». En 50 ans d’existence du festival, seuls deux réalisateurs du Burkina Faso ont vu leurs œuvres récompensées par l’Etalon de Yennenga. Depuis Gaston Kaboré en 1997, aucun Burkinabè n’a encore eu le privilège de brandir le précieux trophée.

Le cinéma burkinabè est à la quête d’un troisième trophée depuis 22 ans. Gaston Kaboré, avec son film « Buud-Yam »,  a été le dernier cinéaste burkinabè à avoir remporté l’Etalon d’Or de Yennenga en 1997.  Avant lui, c’était le défunt Idrissa Ouédraogo qui était monté sur la plus haute marche du podium avec « Tilaï » en 1991. Depuis, les réalisateurs burkinabè ne cessent de travailler d’arrache-pied pour offrir aux cinéphiles de plus en plus impatients  un troisième sacre, qui se fait toujours attendre. Les films sont souvent fort appréciés, mais ne rencontrent apparemment pas l’assentiment du grand jury. Ce n’est bien évidemment pas parce que les réalisateurs burkinabè ne sont plus compétitifs. Il faut reconnaître que  la concurrence est rude et que la rage des autres réalisateurs africains d’aller toujours plus loin est forte.

Le manque de moyens financiers joue sans nul doute sur la qualité des films produits. Un film de qualité requiert un budget important. Obligés de puiser dans leurs propres fonds, les réalisateurs sont contraints de produire des films qui leur permettent de remplir les salles de ciné pour espérer réaliser quelques bénéfices afin de financer leur prochaine œuvre. Alors que pour être compétitif pour un festival de l’envergure du FESPACO, il faut des films dépourvus de tout esprit de profit. Des efforts sont néanmoins constatés à travers la subvention d’un milliard de francs CFA octroyée par le président fespaco2du Faso pour soutenir la production et la post-production de neuf projets de films en prélude au cinquantenaire du FESPACO. Kady Traoré, réalisatrice, reconnaît que les jeunes cinéastes ont souvent de bonnes idées, mais souffrent du manque d’encadrement.

Comment mettre alors toutes les chances du côté des cinéastes burkinabè pour espérer décrocher le précieux trophée ? Pour Pazouknam Jean Baptiste Ouédraogo, jeune réalisateur, la participation au Fespaco est une question de stratégie et de volonté politique. Et remporter l’Etalon de Yennenga doit commencer par une vision. Aussi ajoute-t-il : « Lorsqu’on vise l’Etalon, il faut y mettre les moyens. Le scénario doit être bien ficelé et faire le tour des laboratoires de cinéma, pour être bien travaillé afin que le produit fini soit très solide : les acteurs qu’il faut, les moyens techniques et l’histoire qu’il faut. Il fespaco3faut un travail de fond pour que le film soit compétitif ». Kady Traoré embouche la même trompette en affirmant que l’accompagnement des instituts de formation en matière d’aide à l’écriture, par exemple, peut concourir à améliorer les projets de film.

Pour le cinquantenaire de cette biennale culturelle, trois films burkinabè sont dans la course pour la conquête de l’Etalon d’or. Il s’agit de « Desrances » d’Apolline Traoré,  de « Hakilitan (Mémoire en fuite) » d’Issiaka Konaté et de « Duga (les charognards)  » des réalisateurs Abdoulaye Dao et Hervé Eric Lengani. L’un d’eux réussira-t-il l’exploit des aînés Idrissa Ouédraogo et Gaston Kaboré ?  Let’s wait and see.

 

Armelle Ouédraogo (Stagiaire)