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Théâtre au Burkina Faso : Une arme à multiple gâchettes qui participe au rayonnement socio-économique et culturel du pays

scène de théâtreLe théâtre burkinabè malgré les multiples difficultés qu’il surmonte au quotidien, tire son marron du feu. L’une des premières raisons pour lesquelles on se rend au théâtre est son caractère distractif et ludique, dans la mesure où il permet de déstresser, de changer d’air et de s’égayer. Tout en étant aussi une véritable arme d’éducation et de sensibilisation de la population, le théâtre apporte un temps soit peu des devises à l’économie nationale et constitue la vitrine par excellence de la promotion des valeurs culturelles du pays.

Malgré le fait qu’il ne soit pas très encré dans le quotidien des Burkinabè, le théâtre est un art qui apporte son grain de sel dans le développement du Burkina Faso. « Cela n’est pas perceptible, c’est un peu le tendon d’Achille. Nombreux pensent que le théâtre c’est juste pour rigoler », souligne Martin ZONGO, administrateur du Carrefour International du Théâtre de Ouagadougou (CITO). En effet, le théâtre a une profonde mission didactique, c’est-à-dire une mission pédagogique qui est d’informer, de former, de conscientiser, de dénoncer, d’applaudir, d’indiquer etc. Même s’il est difficile de quantifier les répercussions que cela aura sur la vie de l’individu. « Nous avons fait un spectacle sur la violence conjugale une fois. À la fin du spectacle, il y a un monsieur qui a attendu que les artistes finissent de se changer, afin de discuter avec l’actrice principale Rasmata OUEDRAGO. Quand elle est sortie, il est allé la saluer, et il lui a dit, « tu vois je n’ai pas honte de te le dire. Ce que vous avez présenté sur la scène, c’est ce que je vis au quotidien. Ma femme est impossible et c’est comme cela que je la traite : battre, donner des coups etc. Mais quand j’ai regardé votre spectacle, j’étais assis de temps en temps je me retourne de gauche à droite pour voir si les gens ne me regardaient pas. J’ai cru que c’est ce qui se passe chez moi, que vous avez interprété sur scène. Mais je prends l’engagement à partir d’aujourd’hui, de corriger ma conduite, parce que j’ai compris que la femme n’est pas une personne que je dois aller prendre ailleurs, emmener chez moi et frapper comme je veux » », relate Martin ZONGO.


C’est donc dire que le théâtre contribue largement dans l’éveil des consciences de la population au Burkina Faso. Il y a également l’intervention des troupes de théâtre dans les séances de sensibilisation contre les maladies telles que le VIH, les grossesses précoces, la planification familiale, le phénomène de la drogue et bien d’autres.
En plus de cela le théâtre contribue dans la création d’emplois au Burkina Faso. Avec plus d’une dizaine de troupes au Burkina, Ils sont nombreux ceux qui vivent de cet art, même s’ils ne sont pas majoritaires. « Au CITO par exemple, nous avons fait un choix de contribuer à la professionnalisation du métier théâtre. Il y a beaucoup de membres du CITO qui ne font que du théâtre », explique Martin ZONGO. Le théâtre est un métier comme tout autre, cela contribue à diminuer le taux de chômage au sein de la jeunesse et de la population du Burkina Faso en général.


Martin ZongoIl faut noter également que le théâtre est pourvoyeur d’argent dans l’économie du Burkina Faso, dans la mesure où les spectacles de représentation sont assez coûteux. « Au CITO, le budget de la plus petite représentation peut atteindre quinze (15) à dix-sept (17) millions de francs CFA. Ces millions, c’est pour payer les acteurs, c’est pour payer du bois, c’est pour louer des salles… je crois que quand vous dépensez autant d’argent en l’espace de deux (02) à trois (03) mois, vous injectez de l’argent dans l’économie nationale », se rejouit-il.


Ajoutons à cela la promotion de la culture burkinabè en ce sens que le théâtre Burkinabè est une vitrine la culture burkinabè. Cela se traduit par les décors, les costumes, les pratiques, les langues des spectacles de théâtre. « Il est prévu par exemple que quand on construit un édifice public, il y a ce qu’on appelé le 1% culturel, c’est-à-dire que vous prenez le budget de l’édification et vous prélevez 1% qui va servir à décorer cet édifice avec des produits artistiques culturels. On peut par exemple payer des Faso-danfani pour en faire des rideaux. Tout cela représentera un marché pour les artistes », confie-t-il.
Edwige SANOU