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« Films d’auteurs », « films populaires » : Ces genres cinématographiques qui divisent les cinéastes

cinéaste uneLe cinéma tient une place importante au Burkina Faso, dans la mesure où la population de ce pays est un grand consommateur de films locaux. Cependant, compte tenu du manque de financement dans ce domaine, une autre catégorie de films, communément appelés « films populaires », tend à se développer au Burkina. Toutes choses  qui offusquent certains cinéastes, alors que les cinéphiles burkinabè en  raffolent.  Il y a donc lieu de se demander s’il faut faire des films d’auteurs ou des films populaires au Burkina.

Le cinéma burkinabè est scindé en deux blocs. En effet entre les films « d’auteurs » et les films « populaires », le fossé se creuse de plus en plus. Les films d’auteurs réalisés dans les règles de l’art avec les techniques professionnelles ne sont pas toujours compris des cinéphiles burkinabè. « Le public juge les films en fonction de ses expériences, selon ses désirs et ses attentes, selon que la fin est heureuse. Pourtant dans les grands films d’auteurs, il n’y a pas de fin heureuse, la fin est un grand questionnement, tu es plus perdu à la fin qu’au début », souligne Pazouknam Ouédraogo, réalisateur.

cineaste2Pourtant le cinéphile burkinabè, en se rendant au ciné, veut y voir projeté son vécu quotidien pour se distraire. « Le public se base uniquement sur le scénario du film, parce que quand on vient en salle ce n’est pas pour calculer, c’est surtout pour se détendre. Le public juge un film par émotion. Ce qui le fait rire, c’est en fonction de cela qu’il juge un film », confie Rakis Rodrigue Kaboré, président de l’Association des exploitants de salles de cinéma du Burkina (AESCB).

« Dans les salles de ciné, c’est la demande qui détermine le marché. On donne la chance de programmation à tous ces réalisateurs. Mais c’est le public qui juge. Cela se traduit par les récompenses de l’association succès cinéma qui se base sur le box-office, les entrées en salle de cinéma pour récompenser les meilleurs producteurs de l’année. Cette association se base sur ce que le client dit. Si les clients ont été nombreux à regarder un film, c’est parce qu’ils ont jugé que c’est ce film qui les intéressait le plus », ajoute-t-il. C’est le cas du film « Ali petit danger », un film contesté par les professionnels du cinéma qui a néanmoins fait en une semaine 8 000 entrées, soit 8 000 000 F CFA de recettes au ciné Neerwaya.

cineaste3De l’avis du jeune réalisateur Pazouknam Ouédraogo, le public burkinabè regarde beaucoup de films, mais un grand nombre de ces films tendent à baisser le niveau d’analyse critique des cinéphiles. « Je pense qu’il faut faire des films d’auteur qui puissent amener le cinéphile à s’éduquer, à chercher à comprendre le langage du cinémaMais on voit surtout des films où c’est juste des histoires d’amour, où c’est une belle-mère qui fait ceci ou cela, ce qui ne donne pas une grande culture cinématographique au public. C’est ce qui fait que le public ne comprendra pas pourquoi les grands films d’auteurs auront des prix au FESPACO ». 

Il faut savoir que les films d’auteurs sont des œuvres compétitives à des festivals à l’international de par leur qualité. Cela permet au réalisateur de se faire connaître internationalement. Pour ce qui est des films populaires, ils ont la reconnaissance du public cinéphile et contribuent au développement de la filière par les recettes qu’ils génèrent. En résumé, même si ces deux catégories de cinéma n’ont pas les mêmes objectifs, ils contribuent, chacun à sa manière, au développement du pays.

Edwige Sanou